Typiquement alsacien: 11 surprises dans ma région d’adoption
Vivre en Alsace, c’est un peu dépaysant! Il y a des spécificités culturelles bien ancrées dans cette région à colombages à la forte personnalité. Voici 11 particularités typiquement alsaciennes qui m’ont amusées… et pourraient faire sourire mes compatriotes Suisses ou les Français de l’intérieur.
Comme ça passe vite! Je souffle déjà ma troisième bougie en terre alsacienne. J’ai célébré cet anniversaire en déménageant dans une maison avec un petit colombage, et en mangeant une choucroute! La totale. J’ai donc signé pour y rester plus longtemps, au pays des cigognes. Et je continue de découvrir ses spécificités…
Voici un florilège de 11 choses curieuses que tu découvres en t’installant en Alsace!
1. Tu peux vivre dans un Village Cigogne
On connaissait déjà les villages fleuris en France. Eh bien en Alsace, tu peux t’installer dans un Village Cigogne, un label qui fait très couleur locale. Cela signifie que la commune protège ces grands oiseaux zélés au claquètement si caractéristique, et qui on des nids sur les monuments.
Je précise que je ne vis pas dans un village cigogne, mais je vois régulièrement ces oiseaux survoler ma maison!
2. Tu apprends qu’il existe une période de la « choucroute nouvelle »
Un des emblèmes de l’Alsace, c’est ce chou fermenté! Or la choucroute, comme toute chose, a sa saison. « La choucroute nouvelle, étonnamment douce, impatiemment attendue, est le fruit des premières récoltes du mois d’août, parfois même de juillet. Le chou hâtif a bénéficié des températures estivales et arrive précocement à maturité, » explique une Alsacienne sur son blog culinaire. Les choucrouteries en font tout un plat! Il faut vraiment que je goûte ce crû de choucroute (mais plutôt cuite).
3. Tu as de la peine à t’y retrouver avec les noms des communes en Alsace…
Typiquement alsaciens, ils sont à consonance germanique, d’accord, et se terminent souvent en -heim, -ingue ou -willer. Pas de quoi effrayer une Suissesse. Or toutes ces consonnes qui se suivent, cela rend la mémorisation des noms de lieux (et leur prononciation) un peu plus fastidieuse. Bonjour Weckolsheim, Wentzwiller, Westhalten! En plus certains se ressemblent trop pour un nouveau venu…
Essayez de mémoriser la différence entre Baltzenheim, Bantzenheim, Bartenheim et Battenheim, quatre communes du Haut-Rhin. Dur à suivre dans une conversation.
En général, quand on me demande, « tu vois où c’est Rixholheim*? », je réponds « Ui ui** » d’un air innocent.
* Celui-là je viens de l’inventer, je vous ai bien eus non!
** Comme en Lorraine – ma précédente escale – les Alsaciens ont tendance à prononcer oui « ui »
…et tu ne sais jamais comment les prononcer!
Cela me démange de prononcer les noms alsaciens… à l’allemande. Comme on fait en Suisse avec les noms alémaniques de l’autre côté de la barrière de roesti. Or non! Ce serait trop simple. En Alsace, certains sont prononcés à moitié à la française. D’autres pas. Donc on ne peut JAMAIS savoir. Quoi de plus frustrant. Et on n’a pas tous ce cahier en cas de doute!
Par exemple KRUTH ne se dit pas « croûte » comme on le prononcerait à l’allemande. C’est « Crute »
Autour de Mulhouse, je ne sais toujours pas s’il faut dire:
FLAXLANDEN – Flax-lanne-denne ou Flax-lent-denne
BRUNSTATT – Brune-chtat – Broune-chtat – Brune-stat
En espérant m’améliorer, j’ai demandé à des locaux comment prononcer le nom de leur village. Eux-mêmes n’étaient pas sûrs.
Bonne chance quoi.
→ Pour s’entraîner à prononcer, je vous recommande de prendre une bonne respiration et de découvrir ce générateur fictif de noms de localités alsaciens à rallonge
4. Typiquement alsacien: à Pâques, tu manges un agneau en pâte
Alors que tu croyais que les Alsaciens avaient tout donné à Noël, tu vois apparaître des agneaux trop mignons dans les vitrines des boulangeries à l’approche de Pâques! Le lamala* est un « biscuit-génoise » confectionné dans un moule particulier. Avec un petit noeud autour du cou! Un agneau pascal qui convient même aux végétariens, et est une coutume chrétienne existant depuis 500 ans. Une recette à découvrir par ici, et par là pour une version sans gluten.
* je me base sur l’orthographe haut-rhinoise, mais on dit aussi Osterlammele, Oschterlammele, Lamele ou Lammele, voir point 7 ci-dessous
J’en ai goûté un cette année: la preuve sur instagram!
5. Des maisons à colombages, en veux-tu, en voilà
Symboles alsaciens, les maisons à pans de bois (la façon snob de dire maisons à colombages) sont très nombreuses. Elles font partie du paysage, dans les beaux villages d’Alsace comme dans des localités moins touristiques. Ce qui m’a surpris, c’est d’en voir partout, et de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel!
Autre élément typique que je ne peux m’empêcher de citer en bonne fan de patrimoine: il y a de grandes chances que ces vieilles maisons renferment de vénérables poêles alsaciens, ou Kochlofa. Ceux-ci sont magnifiquement recouverts de faïence.
6. Tu rejoins le culte de la flammekueche… pardon, de la tarte flambée
- La première année en Alsace, j’ai appris à dévorer des flammekueche.
- La deuxième année, j’ai appris que les locaux appelaient ça une « tarte flambée »
« Flammekueche, c’est que les touristes ou vraiment des personnes âgées qui le disent » m’ont appris de gentils Alsaciens autour d’une tarte flambée maison. Car on trouve la pâte toute prête au supermarché, qu’il suffit de garnir ensuite. - La troisième année, j’ai appris que ça ne se mangeait que le soir. « Ben oui voyons! » m’ont rétorqué mes collègues alsaciens. Voilà un grand mystère résolu: pourquoi les auberges ont toutes des tartes flambées au menu mais ne les servaient jamais à midi quand je m’arrêtais quelque part. Je pensais juste ne pas avoir de bol!
- La quatrième année, promis, j’apprendrai à en faire à la maison!
7. Côté langue, il n’y a pas UN dialecte alsacien
Non, il y a différentes variétés! Le dialecte alsacien appartient à au moins deux langues germaniques différentes, et c’est pas vraiment pareil. « Il s’agit soit d’alémanique (au sud de l’Outre-Forêt) soit de francique (au Nord de l’Outre-Forêt) » On parle souvent de haut-rhinois et bas-rhinois, comme les départements, mais en réalité le dialecte et la prononciation changent progressivement avec les kilomètres (oui, nous autres Suisses ça nous rappelle quelque chose)
Voilà pourquoi il y a différentes orthographes et prononciations pour chaque mot alsacien (bonjour les bredele ou braedele, bredala, bredle )
Un jour, dans le train de Mulhouse à Bâle, l’annonce a été faite en alsacien. Je faisais le trajet avec une Alsacienne pure souche et je lui ai dit « C’est chouette non qu’ils parlent en alsacien, ça te fait plaisir? » Elle faisait la tête « C’est du bas-rhinois! Ils nous parlent même pas dans notre langue! » Oui parce qu’elle était haut-rhinoise. Oups. Subtil!
→ Je vais creuser le sujet bien sûr pour ma série sur les langues régionales.
8. Il y a deux jours de congés en plus en Alsace
L’Alsace a un régime de protection sociale particulier, hérité du système allemand. Tout comme la Moselle (département de Lorraine). On profite donc de 2 jours fériés en plus que le reste de la France: le 26 décembre et le Vendredi Saint. Nananère.
Pour ceux que les différences administratives amusent, avec le concordat, il y a aussi un rapport différent à la religion. En bref, les dignitaires religieux sont en fait rémunérés par l’Etat. Un rabbin strasbourgeois raconte ici dans Le Monde ce que ça change pour lui.
9. On te sert du kouglof pour le petit-déjeuner
Encore un mets typiquement alsacien, dont on croise souvent les moules décorés de motifs traditionnels!
Et moi je n’ai encore avoué à personne que je n’aimais pas spécialement les kouglofs. Ne le répétez surtout pas à un Alsacien, mais je trouve ces pâtisseries un brin étouffe-chrétien. Surtout au petit-déjeuner. Je peux avoir un bretzel à la place?
10. Noël se fête en grande pompe
Mes photos du marché de Noël de Mulhouse sont moins bien – trop de vin chaud que voulez-vous
***
Mieux vaut ne pas être allergique à Noël si tu t’installes en Alsace, car ici, c’est une tradition très importante! Entre les marchés de Noël, la déco scintillante et over-the-top dans les villages (de plus ou moins bon goût c’est selon!) et différentes traditions…
Tu vas rencontrer Christkindel, le père Fouttard et Hans Trapp et dévorer des mannala, bredala et bretzels!
11. Tu risques d’attraper l’accent
Eh bien oui, à force de converser avec des Alsaciens, tu risques de te laisser séduire par la musicalité qui habite les phrases… J’avoue, j’ai attrapé des intonations alsaciennes – et j’aurais vraiment pas pensé! Mais pas encore l’accent. Affaire à surveiller… (Ah la la, mon français commence à être un drôle de mélange)
Tout le monde n’a pas un accent aussi poussé que sur cette vidéo… mais certaines personnes ui! Je vous assure!
→ A lire aussi: ton accent est ridicule
Des expats en Alsace parmi vous? Que rajouteriez-vous de typiquement alsacien à cette liste? Et les vrais Alsaciens, n’hésitez pas à apporter des nuances ou des détails à ces 11 choses qui m’ont fait sourire! Je ne suis qu’une novice en spécificités culturelles alsaciennes, et j’ai encore beaucoup à apprendre. Intégration in progress!
Oh ! Un petit billet sur mon chez moi :P
Globalement je me reconnais bien dans ce que tu dis et certains points m’ont bien fait rire d’ailleurs ! Et avec le recul (et mon expatriation picarde haha) je me rends compte que ma région est assez particulière sur bien des points par rapport au reste de la France.
Pour le point 1, je ne savais même pas que ça existait ! C’est drôle.
Tout de même, j’apporterais bien quelques précisions :
3. Comme tu l’as remarqué, la prononciation est un mic-mac sans nom, même pour nous ! En vérité, il existe (parfois) plusieurs façons de prononcer un nom de village. Et cela dépend principalement d’où tu viens dans la région mais parfois c’est juste que tu prononces comme ça te chante. Personnellement, je prononce Brunstatt comme broune-stat, mais pour mes grand-parents c’est broune-chtat) :P
5. Tu savais qu’il existe des maisons à colombages dans le Territoire-de-Belfort ? La raison est simple : ce département faisait aupravant partie intégrante du Haut-Rhin jusqu’à la guerre franco-prussienne de 1870.
6. Alors là je te dis, bravo ! Tu as officiellement passé un cap dans ton intégration en Alsace :P
Le pire, c’est quand on te prononce (ou on t’écrit) FlammeNkueche, là c’est la syncope assuré ! :P
7. Eh oui ! La situation linguistique en Alsace est (ou plutôt était) exactement la même que chez les Suisses Alémaniques. Nos dialectes (hormis le francique) sont suffisamment proches l’un de l’autre pour qu’on puisse se comprendre sans aucun problème ! Par ailleurs le dialecte du Sundgau est si proche du Bâlois qu’il m’est impossible de les distinguer… A noter que l’Alsacien m’aide d’ailleurs bien plus que l’Allemand standard à Basel. C’est aussi un vrai avantage pour mieux comprendre les Suisses Alémaniques et la Suisse en général.
8. Le Concordat est effectivement en vigueur chez nous depuis plus de 200 ans ! De ce fait, on a également (entre autres) des cours de religion à l’école, ce qui est impossible dans le reste de la France du fait de la loi de 1905.
Il existe aussi tout un ensemble de lois locales sur la sécu, le droit de la chasse, le droit à la faillite ou encore les conditions pour devenir notaire (bien entendu toutes différentes du reste de la France…). Beaucoup d’entre nous essayons de lutter pour pouvoir garder cet ensemble, car il constitue un véritable socle culturel pour les Alsaciens et les Mosellans.
9. C’est bon ça ! Avec du Nutella dessus, c’est le must.
PS : J’ai découvert ton blog par hasard et j’adore ce que tu fais ! Tu m’as même permis de découvrir des lieux dont je n’avais même jamais soupçonné l’existence. Merci à toi !
Bonjour Dimitri, et merci beaucoup beaucoup pour ton commentaire. J’attendais fébrilement d’avoir un retour d’un Alsacien pur souche sur mes observations!
Merci pour toutes ces précisions sur les subtilités de la culture régionale.
Ah oui Flammennküche je l’entends souvent de mes amis qui viennent d’ailleurs, cela casse les oreilles! Je vais devoir les entraîner :P
Je suis ravie si j’ai pu te faire découvrir des lieux! Merci à toi pour ton mot super sympa, et puis à bientôt!
Ah ces alsacien.ne.s ! Ni vraiment des Français et même pas des Allemands. Encore un p’tit blëtz alémanique avec des traditions tout prêtes de leurs cousins z’Bâle et d’autres suisses alémaniques. La choucroute garnie s’appelle en suisse le plat bernois. De temps en temps j’achète au magasin en Bourgogne des vrai « Cervelas alsaciens à l’Emmental de Stoeffler », des saucisses remplit d’une tranche de fromage et bardé avec un lardon. Aussi une pièce de résistance de ma première patrie. Mes ancêtres zurichois battaient 1476 le Duc de Bourgogne à Morât et à Nancy ensemble avec leurs fidèles alliés de la ville de Strasbourg. On partagait la même culture, la même Sproch.
3 ans ça ce fête !
C’était publié en 2021 ^^ En 2024 ça fait donc 6 ans!!! ça se fête doublement :P