Expat en France

Et le confinement, tu le vis comment?

Beaucoup de Suisses me posent la question, du coup je vous donne quelques nouvelles depuis mon fief à Mulhouse, après 10 jours à la maison.

Confinée dans mon appart’ en Alsace, je télétravaille et ne mets que rarement le nez dehors. Je pensais que cela allait être difficile pour une adepte de balades comme moi, qui ne peut pas passer un week-end sans mettre le nez dehors minimum une fois par jour…

Mais quand on regarde l’urgence sanitaire dans le Haut-Rhin où je vis, et en particulier dans les hôpitaux de Mulhouse, ça coupe toute envie de sortir. C’est la région la plus touchée dans l’Hexagone. Je ne vous sors pas les chiffres car ils évoluent sans cesse et sont juste alarmants.

Interdiction de sortir

Donc en France, c’est interdit de sortir, nous sommes confinés jusqu’au 15 avril au moins (aux dernières nouvelles) sinon on risque une amende de 135 €. On a le droit de quitter son domicile pour une liste de raisons bien définies. Avant de passer sa porte, il faut signer soi-même une « attestation de déplacement dérogatoire » à garder dans sa poche avec sa carte d’identité, selon les règles (en écolo je remplissais la mienne au crayon, et je viens d’apprendre que c’est interdit!)


Edit: il existe à présent une façon numérique de remplir l’attestation, sans l’imprimer, ouf, ça fera moins d’arbres gaspillés!

Les raisons valables de sortie sont fixées : du travail ne pouvait être effectué à distance, des courses alimentaires de première nécessité, pour l’assistance aux personnes vulnérables ou la garde d’enfants et pour de l’exercice physique ou balade, etc (Il paraît qu’on peut brièvement sortir son chien quand même)

Depuis la première version de cette attestation, les conditions de sortie se sont durcies – peut-être à cause d’un soudain engouement national pour le jogging. Du coup à présent, l’activité physique doit se faire à 1 km du domicile, et en solitaire (pas avec les autres membres du foyer). Au début, je courais sur les rives du canal à Mulhouse, mais elles ont ensuite été fermées au public – comme tous les parcs.

Je continue de courir deux fois par semaine dans mon quartier résidentiel – qui est désert. J’aurais envie d’y aller plus souvent – mais je m’abstiens pour ne pas exagérer.

Voici un exemple de la fameuse attestation, v2

Couvre-feu & courses

Un couvre-feu a également été récemment instauré dans différentes villes. A Mulhouse, il est dès 21h. Mais comme on ne sort pas – ça ne change rien pour nous.

Je suis allée faire mes courses une fois depuis le confinement, à des heures où j’espérais que mon petit supermarché serait peu fréquenté. Les rayons sont bien garnis. Avant le confinement, j’avais fait des courses dans ses rayons vides, entourée de gens masqués, dans une ambiance de fin du monde vraiment stressante.

Maintenant, les gens semblent avoir compris que ça ne servait à rien de piller les rayons. Par contre ils continuent de porter des masques :/ Je garde mon liquide désinfectant pour les mains dans mon sac dans ces moments – et mes distances.

L’anxiété

Au début de l’épidémie, quand je continuais à prendre le train pour travailler à Bâle, je n’étais pas tranquille. Les derniers jours, je me sentais très agitée. C’est un soulagement de pouvoir télétravailler. Je me sens en sécurité chez moi – et aussi je ne crains plus de véhiculer des microbes sans m’en rendre compte.

J’ai une pensée et de la reconnaissance pour tous les gens qui continuent de travailler et d’être au contact avec d’autres gens, pour éviter de paralyser totalement notre société. Au personnel de la santé bien sûr, sur le front contre le virus, mais aussi aux vendeurs, postiers, etc.

J’ai aussi arrêté de regarder les compteurs du nombre de victimes du virus au quotidien, c’est trop anxiogène. Je scrute les chiffres une fois par semaine.

J’évite au maximum le shopping en ligne ou les commandes de plats cuisinés pour limiter les contacts et ne pas faire travailler des gens en cette période – mais en même temps c’est ce qu’il faudrait faire pour soutenir les restaurateurs et les e-boutiques indépendantes. Le dilemme! Et vous vous avez opté pour quoi?

Je me lave les mains 18 fois par jour – heureusement j’ai en réserve une collection de savons – et de crèmes pour les mains. Je venais d’en ramener quelques uns de chez Douglas de ma virée allemande à Freiburg en plus.

Soulagée d’être cloîtrée

Je suis vraiment contente qu’en France, on soit obligés de rester chez soi, que tout le monde soit forcé par la loi de respecter les règles sanitaires. Je n’aimerais pas être en Suisse où cela est encore laissé à la responsabilité de chacun à l’heure où je vous écris – et je m’inquiète beaucoup pour les membres de ma famille en Suisse issus de « groupes à risques » en voyant la propagation rapide.

Tout me semble flotter – je perds la notion du temps – j’essaie de faire du sport à la maison tous les deux jours – de faire le tour de mes proches par téléphone ou message pour prendre de leurs nouvelles. Et de profiter du temps que je n’ai pas à penduler pour m’adonner à mes loisirs – et vous écrire sur le blog.

Le moral

Moralement? Moi ça va. Ça me semble toujours gênant qu’on me pose la question. Bien sûr ça va, je suis en bonne santé – mon entourage aussi. Ce serait malvenu de se plaindre.

Mon quotidien est bien rythmé par les webcam-réunions avec mes collègues et les choses que je peux avancer pour le boulot. Et mes nettoyages de printemps!

L’étrangeté de la situation est ce qui me marque le plus.

J’avoue quand même que ma sortie du samedi dans mon café préféré ou à la librairie me manquent. Et j’ai dû repousser mon voyage au Japon.

Je mange beaucoup trop de chocolat quand j’ai un petit coup de stress. Il paraît qu’on risque de prendre de 2 à 3 kilos à cause du confinement – ah non alors! Je fais du sport pour compenser le grignotage.

Pour le moment, j’ai réussi à m’adapter facilement à la situation. Après, je n’ai pas d’enfant à gérer, j’ai une terrasse, un conjoint, plein d’oiseaux (et d’écureuils) à observer par les fenêtres et de bouquins à lire – ce qui fait que nous sommes isolés sans faire face à la solitude ou à l’ennui avec mon Français.

Je me sens privilégiée, et pour protéger tout le monde, je veux bien rester cloîtrée. Mais… ça ne fait que 10 jours là, peut-être que dans un certain laps de temps je vais péter une durite, demander le pacs-divorce et je vous tiendrai un discours moins zen. On verra…

Edit du 18 avril:

Je suis aussi super étonnée de la façon dont la Suisse gère son demi confinement. Les autorités ont pris des mesures très light depuis le début. J’ai l’impression que mes amis là-bas ne se rendent pas vraiment compte de la façon monacale dont on le vit en France en comparaison!! Mon entourage suisse se balade dans la nature tous les jours alors qu’ici on n’a pas le droit de sortir à plus d’un kilomètre de la maison, et pas sans son attestation. Et pourtant famille & amis ont l’impression qu’on vit la même chose… Mais non, ce n’est vraiment pas du tout pareil!

Je répète ces mots avec sincérité: restez chez vous, prenez soin de vous et de vos proches – même si cela veut dire de ne plus les voir un certain temps.

Et racontez-moi comment ça va chez vous aussi! Je me demande comment vous le vivez dans d’autres pays ou d’autres régions!

kantutita

Signes particuliers: toujours une tasse de thé et un livre à la main! Suissesse expatriée en Alsace, après plusieurs escales en France et une parenthèse montréalaise, je blogue depuis plus de dix ans! Et je cultive un faible pour la papeterie, le chocolat et le Japon...

3 réflexions sur “Et le confinement, tu le vis comment?

  • Merci de nous tenir au courant, c’est vrai qu’on se pose légitimement des questions étant donné ce qui se passe actuellement. J’ai vu à la télé ce qu’est la situation en Alsace, c’est vraiment inquiétant.
    Je suis d’accord avec toi, je souhaiterais aussi que le confinement soit prononcé par le Conseil fédéral, ici en Suisse, mais ce n’est malheureusement pas le cas, et certaines personnes, obligées d’aller travailler alors que leur domaine n’est pas strictement nécessaire dans cette situation extraordinaire (je pense notamment à tous les gens qui travaillent sur les chantiers), doivent prendre des risques et en faire courir aux autres, bien malgré elles. Bien entendu, il est indispensable que le personnel soignant et d’autres membres de professions dont on ne peut se passer en ce moment doivent continuer leur activité, et on ne peut que les en remercier mille fois, mais pour les autres, ils devraient pouvoir rester chez eux, je trouve. Pour ma part, comme toi, je fais partie des privilégiés qui peuvent rester à la maison. Je ne sors donc quasiment pas et suis scrupuleusement les recommandations.
    Bon courage pour la suite !

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  • Vous êtes en Alsace ? Vous êtes à Mulhouse ?.. J’y suis allée en 2006. A l’époque, voici comment les Alsaciens ont accueilli la Bretonne que je suis !
    Ils m’ont dit :
    « Quand on plie la France en deux, l’Alsace dit bonjour à la Bretagne. »
    J’avais trouvé cela bien accueillant et fort sympathique, en plus d’être très imagé.
    Alors, moi, Bretonne, je vous dis :
    « Quand on plie la France en deux, la Bretagne dit bonjour à l’Alsace. » :-)

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    • Tiens, c’est sympathique comme expression!! :D
      Je ne l’avais jamais entendue.
      Alors bien le bonjour à vous depuis Mulhouse!

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