Découvrir l’impression sur étoffes à Mulhouse
A Mulhouse, le Musée de l’Impression sur Etoffes (MISE) nous plonge dans les coulisses d’un savoir-faire qui a longtemps été un des fleurons de l’Alsace. Une belle vitrine pour ces tissus imprimés qui étaient notamment utilisés pour l’ameublement d’intérieur. Une visite follement inspirante!
Cela fait longtemps que je comptais visiter le Musée de l’Impression sur Etoffes … et je n’ai pas été déçue! Sa belle exposition permanente nous initie aux secrets de l’impression sur étoffes. Un art ancestral et artisanal, qui a été importé en Europe depuis l’Inde et la Perse notamment – et est bien plus complexe que tout ce que j’avais imaginé.
Il faut noter que ce savoir-faire était autrefois très ancré dans la région, et notamment à Mulhouse. Lorsque les tissus à motifs deviennent à la mode, l’Alsace fera partie des lieux où cet artisanat se développe, jusqu’à nourrir un savoir-faire industriel permettant de produire ces tissus à des prix plus abordables.
→ Les indiennes étaient aussi fabriquées en Suisse, notamment dans le canton de Neuchâtel où j’ai grandi – le thème m’intéressait d’autant plus!
L’origine du MISE (Musée de l’impression sur Etoffes)
En 1833, les industriels mulhousiens rassemblés au sein de la Société Industrielle de Mulhouse décident de conserver leurs créations. Mieux ils s’efforcent de compléter ces archives en collectionnant les productions d’autres pays et d’autres temps. L’ensemble devenu vite important, se constitue de textiles du monde entier, centré sur l’impression alsacienne… Outre 6 millions d’échantillons, le musée conserve près de 50000 documents textiles : métrages, dessus-de-lit, foulards, châles, etc. du XVIIIe siècle à nos jours.
L’impression sur étoffes: un artisanat d’art
Il y a deux univers liés de près auxquels on touche en visitant le Musée de l’Impression sur Etoffes. Le côté artistique – avec la présentation de pièces aux motifs somptueux, issus de collections historiques ou plus récentes. Certaines étoffes présentées ont plusieurs centaines d’années et viennent de loin: on les admire dans des salles tamisées, pour limiter l’usure du temps et de la lumière. J’ai retenu mon souffle devant ces toiles châtoyantes, dans une des premières salles du parcours d’exposition.
Les techniques complexes pour porter un motif sur une toile
La seconde cheville ouvrière du musée, c’est le côté technique, approché de manière didactique avec des exemples. Au fil du parcours d’exposition, différentes techniques d’impressions artisanales sont présentées – de celles venant de loin, à celles adoptées par les artisans européens, aidés par des artisans d’art venus d’Orient partageant leur savoir-faire.
Rien ne semble moins simple que l’impression sur étoffes! Il faut créer un dessin, puis le graver sur un support en bois par exemple, qui sera utilisé à la manière d’un tampon. L’imprimé final pourra être constitué du même motif reproduit plusieurs fois. La planche d’impression est alors posée plusieurs fois sur le tissu, sur les bords, le dessin s’emboîtent et perpétuent un design, comme les pièces d’un puzzle. J’imagine avec peine la patience et la minutie infinies que nécessite l’impression.
Une collection de planches d’impression
Un des trésors du MISE est sa collection de planches d’impression en bois, rangées dans une bibliothèque dédiée dans le musée. Un patrimoine étonnant, qu’on peut voir à l’œuvre lors de démonstrations qui ont lieu le premier dimanche du mois (il existe aussi des ateliers pour s’y essayer!). Ou dans une intéressante vidéo diffusée en boucle dans la salle.
Une fois que le tampon en bois a été sculpté à la main à l’aide de gouges, tout ne fait que commencer. Il faut concevoir des teintures: elles étaient à base de plantes avant que certaines teintes ne soit issues de molécules de synthèse. On en découvre des exemples dans des bocaux au fil de l’expo. Mais ensuite, il faut préparer le tissu, apposer les couleurs sur les motifs, puis les fixer à l’aide de produits. Un parcours le long d’une presse montre ces différentes étapes.
Peu à peu, les techniques artisanales vont s’industrialiser: c’est ce que montre une salle à l’étage, où on découvre de grandes machines permettant l’impression sur tissu, comme celle ci-dessous.
Le MISE: un musée à visiter à Mulhouse
J’ai beaucoup aimé cette immersion dans le monde des tissus imprimés. Adepte de motifs dans ma garde-robe, je n’avais jamais réfléchi à comment étaient historiquement conçus les imprimés. Le Musée de l’Impression sur Etoffes m’a permis de découvrir un monde d’artisanat d’art, mais aussi de sciences et de techniques. La complexité des processus m’a impressionnée!
C’est un musée à recommander à tous les amateurs de design ou d’arts décoratifs: bouffée d’inspiration garantie. Parmi les très nombreux tissus à motifs présentés au MISE, certains ravissent l’œil, d’autres l’étonnent par leur complexité, les formes harmonieusement arrangées, et parfois… il y a aussi des motifs que l’on jugera trop colorés, trop fournis à son goût!
Ce qui m’a le plus plu est d’admirer la collection de motifs en bois – comme des pièces de puzzles sagement rangées dans leurs étagères, et essayer d’imaginer les motifs qu’elles forment une fois utilisées par des mains expertes. Notez que des ateliers sont organisés régulièrement pour ceux qui voudraient essayer!
Petite perle de Mulhouse
A l’étage, il y a une vidéo diffusée qui raconte l’histoire de Mulhouse. Etant une récente venue dans la ville, je la découvre encore. Après mes années en Lorraine, je me suis familiarisée avec le passé si mouvementé de l’Est de la France. L’histoire de Mulhouse, ancienne république indépendante, tour à tour alliée des cantons suisses, française, allemand, re-française, s’avère passionnante. Et je suis fière de mettre en lumière un petit bout du patrimoine de cette ville dynamique sur le blog!
Expo temporaire et salon de thé du MISE
J’ai beaucoup aimé aussi l’exposition temporaire dédiée aux tissus à motifs de fleurs – c’est mon côté fleur bleue – à voir jusqu’au 15 septembre 2020. Touche originale, grâce à des odoramas, on peut aussi sentir quelques parfums de fleurs symboliques, représentées dans les tissus ornant les murs comme des tableaux.
Avant de partir, on a aussi fait une pause au tea-room du musée, décoré pour l’occasion de Noël!
→ Informations et horaires sur le site du musée
La collection du MISE comporte des Indiennes et des étoffes du 18e au 20e siècle, retrouvez des explications sur ces périodes sur leur site.
Les musées de Mulhouse
Il y a de nombreux musées à voir à Mulhouse, comme le MISE dont je vous parle aujourd’hui, mais aussi le musée du papier peint (le prochain sur ma liste), le musée de l’automobile dont la réputation n’est plus à faire, ou la Cité du train que les passionnés du rail connaissent bien. Je vous raconterai mes prochaines découvertes sur le blog!
En attendant, pourquoi ne pas me suivre dans une balade dans les rues de Mulhouse par ici, ou alors piocher des idées dans mon carnet de bonnes adresses, sur mon autre blog Birds & Bicycles?
C’est lorsque la production d’indiennes et l’impression sur étoffes à commencer à s’industrialiser au début du XIXe siècle que l’école de chimie de Mulhouse a été fondée (en 1822 pour être précise). Son rôle? Créer de nouvelles teintures, pour obtenir plus de nuances ou de fluidité, améliorer la tenue des couleurs dans le temps ou la texture des encres, obtenir des couleurs qui ne se mélangent pas ou une facilité d’impression, …
Aujourd’hui la formation des futurs chimistes s’est bien diversifiée, mais l’école nationale supérieure de chimie de Mulhouse conserve encore la plus grande collection de colorants d’Europe et la deuxième mondiale (!). Une association d’élèves s’efforce d’ailleurs de faire revivre cette collection, dont une partie est présentée au public lors des journées portes-ouvertes de l’école, en février-mars généralement. https://enscmulticolore.wordpress.com/
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