Ma naturalisation française !
Administration: Ma naturalisation française, ou comment je suis devenue franco-suisse!
Expat suisse vivant dans l’Hexagone depuis 8 ans, j’ai obtenu ma nationalité française l’an dernier, ce qui fait officiellement de moi une double-nationale. Je vous raconte pourquoi j’ai sauté le pas, et le trajet administratif semé d’embûches pour y parvenir.
Je précise que la démarche de demander ma naturalisation par décret en elle-même n’a pas été compliquée: c’est de constituer le dossier qui m’a pris beaucoup de temps! Qu’à cela ne tienne, j’ai à présent la double-nationalité, après 7 ans passés en France… Et la garantie de pouvoir revenir m’installer dans l’Hexagone, même si les lois concernant les Suisses changent un jour!
Pourquoi diable ai-je voulu devenir française ?
C’est la faute de vous, les Suisses!
Il y a quelques années, lors de mes débuts en France, j’avais été interviewée par un journaliste suisse-allemand installé à Paris et il m’avait demandé: pensez-vous un jour demander la nationalité française? Non, avais-je répondu. Je n’en avais aucunement l’intention. Grâce aux accords de Schengen, de 2008, il n’y avait pas de démarche à accomplir pour vivre ou travailler dans l’Hexagone avec un passeport suisse. Cette démarche me semblait donc parfaitement superflue!
Puis les années ont passé, j’ai adopté la France même si mon identité suisse est toujours très importante pour moi. Ce qui m’a fait changer d’avis, c’est la possibilité de voter en France bien sûr, et la fameuse initiative de l’UDC contre l’immigration de masse, qui a été acceptée par le peuple suisse à 50,34% en 2014. J’avais pris soin de voter contre par correspondance. Cette initiative pouvait remettre en question les accords de libre circulation, même si son application apparaît comme un casse-tête. C’est en tout cas cela qui m’a poussé à demander ma nationalité française.
C’est aussi lorsque la possibilité de rentrer en Suisse a été évoquée avec mon conjoint, que j’ai eu envie de m’assurer que je pourrais revenir en France si je le souhaitais. Mon conjoint, qui est français et détenteur d’un doctorat, cherche à travailler à nouveau en R&D dans le milieu de l’horlogerie, sa passion. Du coup il oriente ses recherches vers la Suisse entre deux contrats dans la recherche française.
Or comme la France, c’est devenu un de mes pays adoptifs, l’idée de ne pouvoir retourner y vivre comme je le voulais si je la quittais pour un certain temps me pesait!
Je me suis donc lancée dans des démarches pour obtenir la nationalité en 2015, et je l’ai obtenue début 2017. J’ai usé pas mal de patience pour constituer mon dossier, qui a voyagé et fait 4 allers-retours avec les autorités incompétentes, ce qui équivaut à un tas de frais en timbres et en courrier recommandés vu le poids de l’enveloppe.
Mais réjouissez-vous, ma patience a été récompensée, et depuis l’automne dernier, j’ai ma carte d’identité française, au chaud dans mon porte-monnaie!
La panoplie pour devenir français
Il vous faudra:
- Un béret
- Une marinière
- Et le plus important: une baguette sous le bras!
Comment ça ce sont de gros clichés? :P
Obtenir la nationalité française quand on est suisse
En fait, il y a une naturalisation facilitée pour les ressortissants de pays francophones, dont la Suisse fait partie ( je vous le rappelle ici). Même pas besoin de justifier d’avoir vécu en France durant 5 ans pour faire une demande. Je vivais à Montpellier depuis 2010 (moins mes 6 mois québécois), et j’ai commencé les démarches durant l’été 2014, en même temps que nous concluions notre PACS avec mon conjoint.
Le coût d’une naturalisation
Après avoir trouvé les formulaires en ligne, il m’a fallu réunir un dossier de 50 documents, pour un poids de 350 grammes. C’est une démarche qui a un coût, car les justificatifs suisses à demander à l’administration helvétique sont tous payants, et il faut verser 55 € à l’administration française pour la démarche, payé par timbre fiscal. À cela, ajoutez les nombreux frais de port en recommandé, à votre charge pour l’envoi et le renvoi, et le renvoi, et le renrenvoi du dossier.
Après, la carte d’identité française est gratuite (contrairement à la version suisse), mais le passeport coûte 86 € (je ne l’ai pas demandé pour le moment).
Préparer son dossier: parcours du combattant face à la paperasse
J’ai été extrêmement frustrée pendant la préparation de ce dossier, car comme souvent avec l’administration française, la liste des documents nécessaires pour une démarche varie (!) selon le service où vous vous la procurez.
Et c’est vraiment frustrant.
Ajoutez à cela la difficulté de trouver un équivalent suisse aux documents demandés sous leur nom français, ou à comprendre ce qu’est cette apostille qu’on vous réclame. Mon consulat m’a apporté quelques réponses.
Autre complication pour la justification d’activité professionnelle, le fait que j’ai un statut mixte entre salaires de journaliste, statut d’entrepreneure indépendante pour mes mandats de rédaction web, et auteure.
Je me suis donc tapé 3 ou 4 allers-retours de mon dossier, avec une liste de documents nécessaires changeant d’une fois à l’autre – ô frustration ultime pour ceux qui comme moi aiment que les règles soient carrées.
Une fois, le dossier m’est même revenu car il manquait l’acte de mariage de mes parents… qui figurait pourtant bien dans le dossier. L’employé l’avait zappé. Énervement, Frustration, Aaaargh. Et frais de timbres.
Cela m’a aussi un peu agacée quand on m’a demandé un diplôme attestant de mon niveau de français – en me disant que mes titres universitaires de l’Université de Neuchâtel ne pouvaient pas être reçus!! Au prix d’une petite leçon sur les régions linguistiques en Suisse, cela a fini par être accepté. Après avoir lu cette note de 2012, je vois toutefois que j’ai échappé de justesse au test de français.
Si vous voulez consulter la liste complète des documents nécessaires, regardez-ici et prenez peur.
J’aurais aimé voir cette vidéo pratique avant mes démarches!
Mon dossier déménage… et aboutit
Pour ajouter au supplice, j’ai dû déménager en Lorraine au milieu des démarches. Ce qui signifie que j’ai dû faire transférer mon dossier de Montpellier à Nancy, et refournir tous les justificatifs de domicile, comme j’avais changé d’adresse. Mais finalement, j’ai eu de la chance, car là où les démarches avaient pris des mois à Montpellier, elles ont été hyper rapides à Nancy – région démographiquement parlant moins chaotique avouons-le.
Mon dossier pour ma demande de naturalisation a ainsi pu être officiellement déposé en un temps record!
C’est ainsi que peu après j’ai été invitée pour un entretien à la préfecture à côté de la belle Place Stanislas, où je pensais simplement prendre le thé discuter de mes motivations à devenir Française, mais où je me suis retrouvée face à une interrogation sur le pays et sa culture qui m’a complètement paniquée. Après ces mois de démarches et d’efforts, je me suis retrouvée dans un état de stress second, et j’ai fait un black-out. Résultat: je suis restée muette et j’ai bêtement bégayé quelque ébauche de réponse – les questions étaient pourtant simples – mais la fonctionnaire en face de moi semblait avoir l’habitude des attaques de panique dans son bureau.
Je suis ressortie très penaude de cette expérience, mais lorsque j’ai appris ma naturalisation six mois plus tard, cela a été un gros soulagement. Parce que j’étais sûre d’avoir raté l’examen d’entrée pour la nationalité.
Enfin, enfin! Je n’avais pas fait tout cela pour rien.
Ouf, je peux dire que je suis bi maintenant, binationale! Et fière de l’être!
Et comme je suis officiellement à moité française désormais, j’ai encore plus le droit de râler… Il faut trouver un moyen de ranger cette grande carte d’identité française dans son portefeuille, comparé à la version suisse qui a le format pratique d’une carte de crédit! Non mais en fait je l’aime bien, je suis quitte de la perdre!
Merci à Hugo pour les photos, et à la gentille dame sur la Place Stanislas qui m’a dit que j’avais l’air d’une vraie Française haha :P
Alors un conseil, si vous voulez vous lancer dans cette démarche, armez-vous de patience, prévoyez un budget pour les documents suisses et pour les nombreux timbres à acheter, et… restez zen le jour de l’entretien!
Qui d’entre vous a demandé la naturalisation? Pourquoi le faire / ne pas le faire? Racontez-moi vos expériences !
Bravo! Après sept ans à vivre dans un pays, même au delà des considérations pratiques, il me semble assez naturel de vouloir en acquérir la nationalité. C’est l’inverse de la démarche de ces expats qui restent d’éternels observateurs de pays qui ne leur servent que de décor.
Oui, c’est vrai que l’envie de voter m’a aussi poussé à sauter le pas !
Après, c’est vrai que je me sens chez moi ici aussi depuis des années, mais que cela reste indépendant d’un bout de papier officiel ;)
Très bonne article :) :)
Moi aussi je suis bi-nationale mais de naissance, ma mère est suisse et nous a donc naturellement transmis sa nationalité que j’ai à mon tour transmise à mes filles… je ne veux pas perdre cette nationalité si chère à mon cœur ❣ mon mari a retiré le dossier pour éventuellement la prendre aussi… mais il s’est découragé en voyant les démarches 😜il me semble qu’elles sont plus strictes que celles pour devenir française (enfin ça dépend quelle nationalité veut devenir française il me semble aussi !)
Bref tu t’es armée de patience et tu as réussis bravo 🍾 tu fais partie des heureux bi-nationaux ! Perso j’adore cette particularité 😜
Coucou Camille! Merci pour ton mot…
Quelle chance d’être bi-nationale de naissance (= sans paperasse ) :D
C’est vrai que c’est chouette ces racines d’un autre pays qui nous rapprochent!!
Super que tes filles aient pu l’obtenir aussi. Et bon courage à ton mari !!
J’ai aussi l’impression que les démarches sont bien plus difficiles dans l’autre sens en effet.
Oui je suis contente de cette particularité, qui reflète bien comment je me sens vis à vis des deux pays aujourd’hui :D
Bonjour,
j’aurai aimé savoir si, lorsque votre dossier de demande de naturalisation vous a été renvoyé, il contenait la mention « SK » et si oui, avez vous pu déterminer ce qu’elle signifiait ?
En vous remerciant,
Alex.
Vous me posez une colle Alex! Navrée de ne pas avoir la réponse à ce mystérieux sigle :/
Ma voisine italienne l’a fait elle aussi, se disant que c’était le bon moment. Après la période où il fallait choisir, celle où c’était compliqué, elle l’a fait avant que ça devienne trop difficile… L’occasion de faire une fête pour nous aussi!
Toutes mes félicitations, évite quand même de trop râler :p
Mais je râle parce que je suis bien intégrée c’est tout :P
Haha merci pour le message!
Bienvenue parmi nous , chère xénophile (mouhaha !)… N’oublie pas de faire un petit billet sur la Corée du Nord, hein ! Non mais vraiment, c’est n’importe quoi le commentaire précédent… :D Allez, bisous !
N’est ce pas? Mais entre xénophiles on se comprend ^^
Merci pour ton message de bienvenue, je suis bien fière de rejoindre les rangs des double nationaux :D
Très intéressant ce billet :-) C’est vrai que c’est long ici dans le sud et on plus les préfectures ferment tout leurs guichets; on ne peut même pas retirer le dossier, tout passe par internet et ensuite par voie postale
Et comme vous le dîtes les frais sont importantes 😞
Pour info: ceux qui ont un frère ou une soeur qui l’a déjà obtenu peuvent passer par le document « souscription par frère ou soeur » à télécharger sur le site du service public
Kantutita, félicitations pour votre persévérance et bien venue au club des « bi ».
J’ai, personnellement, fait le parcours inverse de vous..
Ma mère, née en France, mais de père suisse, avait perdu la nat suisse en se mariant à un français pendant la dernière guerre car elle n’avait pas déclaré son mariage au consulat suisse donc déchéance de nationnalité.
A ma majorité, né français, j’ai voulu reprendre la nat suisse mais impossible, la loi suisse de l’époque n’autorisait que les enfants nés d’un ex-suisse mâle à bénéficier de la loi de facilitation. J’ai attendu 10 ans que la loi suisse soit changée. J’ai, alors, déposé un dossier au consulat suisse de Bordeaux et après un entretien de 2 heures sur mes connaissances de la suisse et un chèque de 500 €, je récupérais la nat de ma mère.La démarche la plus longue à été d’obtenir la fiche familiale d’état civile suisse dans le Haut Simmental ( langue allemande 90 , française 10%); Dans la foulée, mon fils cadet, qui travaille en suisse, à Lausanne, depuis quelques années, est devenu « bi », sans difficulté.
Bien à vous.
Charles.
Suisse vivant à Paris depuis 2009, j’ai également demandé la nationalité française suite à cette fameuse votation du 9 février. Étant marié à une française depuis plus de 4 ans, les démarches sont plus faciles car il s’agit d’une simple déclaration (moins de justificatifs sont demandés) et d’un entretien assez simple qui sert à vérifier le mariage. Aucune question sur la culture ou le pays, ce qui m’a surpris !
Bonjour Frank. Merci de votre mot! Alors je ne suis pas la seule à avoir sauté le pas après le 9 février ;)
Tiens, c’est intéressant de voir la différence, avec votre entretien sans questions sur la culture!
Zut, j’aurais dû me marier plutôt que me pacser pour y échapper ;)
Une belle soirée à vous
Moi, j’ai laissé tomber. Marié à une Franco-Suisse, avec des enfants aussi binationaux, j’avais droit à la procédure facilitée… Après des mois de course pour chercher tous les documents, une rencontre avec la responsable au consulat à Genève et 6 mois d’attente pour que la procédure suive son cours, j’ai eu la surprise d’avoir un appel téléphonique de la responsable: « Notre nouveau président vient de modifier les conditions de naturalisation. Vous allez devoir vous rendre dans une école primaire en France pour passer un test oral afin de contrôler que votre niveau de français est suffisant pour tenir une conversation ». Ma réponse a été la suivante: « Mais madame, nous nous sommes rencontrés et avons parlé ensemble. Nous sommes actuellement en train d’avoir une conversation téléphonique. Par ailleurs, vous avez mon CV dans mon dossier, stipulant que je possède une Licence ès Lettres, avec le Français comme branche et que je suis enseignant de français ». La réponse a été la suivante: « Je le sais bien, monsieur. Sachez que j’en suis navrée. Mais la loi est ainsi faite. Il n’y a pas d’exception ».
Conclusion: il n’y a qu’en France qu’on parle le français. J’ai, ce jour, compris ce qu’était l’arrogance française… ainsi que son administration. J’ai immédiatement retiré ma demande de naturalisation. Moi qui était francophile par ma culture, j’ai compris que ce pays est rongé par un mal qui le fait irrémédiablement décliner. J’ai la conviction intime qu’un jour, Kafka a dû être confronté à l’administration française et qu’il en a gardé un traumatisme sévère.
Ne laissez pas tomber, Barzi. J’avais aussi failli renoncer à la naturalisation à cause de ce fameux test. Mais les conditions ont changé grace à Manuel Valls : un diplôme d’une institution francophone suffit à prouver le niveau de français. C’est Claude Gueant qui avait durcit les conditions à l’époque mais elle ont été assouplies depuis. Allez voir sur le site de l’ambassade de France à Genève. https://geneve.consulfrance.org/Acquisition-de-la-nationalite
Je sais bien que l’administration française est… une administration. Mais sachez que l’administration suisse est, certes, un peu plus efficace (quoique, ils ont réussi à perdre plusieurs fois des papiers de mon conjoint suisse, depuis qu’il est en France), mais tout aussi inflexible! Quand c’est dans le règlement, c’est dans le règlement, point. Sans parler des frais pour chaque démarche, qui font bien payer le gain en efficacité (on n’a rien sans rien, comme on dit).
Vous n’avez jamais été étranger ou dans un cas particulier en Suisse, c’est pour ça que vous croyez que votre administration est hautement supérieure (l’arrogance suisse, hein… ;-) ) à celle des autres.
D’ailleurs, en France, on peut demander plein de documents administratifs (acte de naissance, etc…) en ligne, c’est rapide et gratuit (j’ai vu combien c’était compliqué et lent pour mon conjoint, qui a dû s’y reprendre à deux fois pour la nationalité suisse de notre fils à cause de l’inefficacité de l’administration suisse: ben oui, certains papiers devaient ne pas trop être anciens… or, quand l’administration suisse tarde, ben il faut tout recommencer à zéro!).
K
Etant alors domiciliée à Paris lorsque j’ai fait ma demande en 2004, j’ai eu moins de frais d’envoi, mais pas mal de déplacements au tribunal d’instance, avec photocopies de tous les documents. On m’a demandé entre autres de faire traduire les documents d’état-civil suisses en français… alors qu’ils sont en trois langues…Puis, entretien assez facile avec une responsable administrative (dans un poste de police…). Mais… en compagnie de mon mari, français, mariés depuis plus de 20 ans, un entretien à la Préfecture a failli tourner au désespoir, l’employée qui nous a reçus m’a demandé trois fois où j’avais appris le français (je suis née dans le canton de Vaud et vis maintenant depuis 50 ans en France). Je pouvais lui répéter que c’était ma langue maternelle, elle n’avait pas l’air de comprendre…. En ce qui qui concerne l’obtention des documents suisses, le bureau de l’état-civil contacté (il y en avait heureusement qu’un seul), la lenteur à me répondre a failli me faire recommencer toutes les démarches depuis le début.
Bravo ! Moi aussi j’ai sauté le pas et pour réviser l’entretien de naturalisation vous pouvez trouver les questions dans le lien suivant :
https://questions-naturalisation.fr/
Trop pratique! J’aurais aimé au moins savoir qu’il y aurait des questions ;)