Langues & Francophonie

Et si on s’amusait avec 10 mots de la francophonie?

La Semaine de la langue française et de la francophonie, c’est l’occasion de célébrer la diversité de notre belle langue avec 10 mots surprenants!

Source des images: le concours des 10 mots

Vous avez sûrement déjà entendu parler de cette manifestation? La prochaine édition se déroule simultanément dans plein de villes francophones du 12 au 20 mars 2016 – tout dépend de l’entrain des organisateurs sur place. Difficile pour moi de vous conseiller des événements près de chez vous ou en ligne: il y en a tant qu’il faudra regarder les liens en fin de billet!

Mais en attendant, on peut quand même s’amuser de nos différences! Le thème de cette édition est « Dis-moi dix mots en langue(s) française(s) », et voici les heureux élus:

  • chafouin, chafouine

  • champagné

  • lumerotte

  • dépanneur

  • dracher

  • fada

  • vigousse

  • tap-tap

  • ristrette

  • poudrerie

Les connaissez-vous déjà?

Pour ma part, j’utilise avec plaisir chafouin (j’adore ce mot), qui veut dire rusé, sournois et … viendrait de l’ouest de la France. Mais il se comprend partout non, qu’en pensez-vous?

Quand j’étais dans le Sud j’entendais souvent « il est fada! » (donc fou!) ou « fada! » comme ponctuation de phrase.

En tant que Suissesse, j’utilise volontiers l’adjectif vigousse, qui signifie « vif » – j’ai déjà dû vous en parler dans un de mes recueils de mots suisses.

Et « ristrette », je ne l’avais pas reconnu tout de suite car jamais vu écrit avant, mais oui, c’est un mot utilisé à l’oral en Suisse pour parler d’un café très court (le ristretto italien), mais aussi dans l’expression « c’est ristrette », c’est « limite ».

J’ai souvent acheté des bières chez les dépanneurs au Québec, ces échoppes pratiques qui dépannent tard le soir, avec leurs horaires d’ouvertures larges, et vendent des croustilles, des bières et d’autres aliments, à la manière d’une petite épicerie.

Les autres termes, que je ne connais pas, m’intriguent beaucoup!

Du coup, j’ai regardé leur signification pour qu’on les apprenne ensemble…

  • tap-tap: un mot haïtien pour désigner une camionnette servant de transports en commun
  • poudrerie: un mot québécois pour désigner la neige poussée par le vent…
  • lumerotte: mot belge pour parler d’une source de lumière de faible intensité
  • dracher: s’emploie lorsque la pluie tombe à verse, en Belgique, mais pas seulement… C’est un emprunt au flamand!
  • champagné: un mot d’Afrique centrale pour désigner quelqu’un qui a de l’influence, ou de multiples relations

Pour plus d’infos sur ces 10 mots, téléchargez cet excellent PDF (avec des activités ludiques pour les profs!) sur ce site. C’est là que j’ai trouvé ces explications! Ce qui est chouette, c’est que ces mots seront étudiés par les élèves prenant part à l’événement, grâce à ces docs [Rubrique « Ressources à télécharger », Brochure (FLM-FLS)]

 

Pourquoi ces différences dans la langue française?

La Semaine de la langue française et de la francophonie répond aussi à cette question dans un document: pourquoi le français n’est-il pas le même partout ? Elle rappelle que notre belle langue est parlée sur les cinq continents, et connaît de nombreuses variations locales…

Comment ces français régionaux sont-ils influencés? Voici 3 pistes.

Les archaïsmes

Des mots et expressions autrefois courants, ont été abandonnés par le « français commun » (hum, donc la norme du français de France, ancrée à Paris). Ils sont perçus comme des archaïsmes selon cette norme, mais peuvent s’utiliser encore couramment dans des branches du français qui ont évolué différemment (par exemple chez les Québécois! Ou en Suisse).
Cela m’arrive souvent, avec les mots suisses, de m’entendre dire par des Français « Ah oui, ma grand-mère utilisait ce mot… mais il est démodé, cela ne se dit plus! » Alors que chez moi, ce sont toujours des mots courants. Parfois mes mots suisses ont même une touche « recherchée », couleur qu’ils n’ont pas du tout dans mon pays!

Des exemples d’archaïsme? Au Québec, on utilise menterie, dispendieux, barrer la porte, alors qu’en France ou en Suisse on ne les connaît pas (ou « plus », faudrait-il dire?) ! (Source: cette étude sur l’évolution du québécois, dispo en PDF ici!)

Les innovations et les créations

Des mots sont créés spontanément dans la variété locale de la langue, comme pour le « magasiner » des Québecois, ou « ambianceur » en Afrique de l’Ouest.

Certains mots sont aussi amenés artificiellement dans la langue, par exemple lorsque l’Office québécois de la langue française propose un équivalent francophone à un mot anglais (pensez au clavardage, aux courriels et pourriels, et au téléversement)

Des emprunts à la langue du voisin

Le français n’est pas soumis aux mêmes influences en Belgique, au Québec ou en Suisse, frontières obligent! Nous les Suisses, on dit par exemple « putzer » pour nettoyer, en langage familier. Il faut donc prononcer « pout’sser ». Il s’agit d’un emprunt à l’allemand (putzen). Et il y en a plein d’autres.  Les Québécois ont eux francisé beaucoup de mots anglais, comme badlucké, qui veut dire malchanceux. (Je vous parlais d’ailleurs des anglicismes dans le français du Québec par ici!) Et on vient de voir un exemple d’emprunt au flamand dans nos 10 mots, avec « dracher ».
Voilà, je vais vous laisser! J’espère vous avoir donné envie de vous intéresser aux variations du français autour du monde… C’est si enrichissant de trouver de l’exotisme à sa propre langue, non?
Pour trouver un événement de la Semaine de la langue française et de la francophonie près de chez vous:

N’hésitez pas à réagir à ce billet en postant vos mots francophones préférés, de chez vous ou d’ailleurs!

11 réflexions sur “Et si on s’amusait avec 10 mots de la francophonie?

  • Ahhhhh moi aussi je dis dracher et je suis du ch’nord de la France (enfin pas tout le temps quand même^^) :)

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    • Hihi! le ch’nord! ;) J’avais jamais entendu « dracher » avant mais il me plait beaucoup! Surtout qu’il drache pas mal à Nancy ces semaines…

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  • Petit commentaire à propos de « drache » et « dracher » que je connais bien. Je ne crois pas que c’est un mot dérivé du flamand, je n’ai jamais entendu un mot de ce genre ici, en Flandre (sinon l’adjectif « dressig » qui veut dire boueux). Mais j’ai trouvé une autre explication:

    Étymologie
    A vérifier: le terme « dracher » et le substantif « drache » n’auraient rien de « bruxellois » (c’est à dire flamand) mais viendrait probablement de l’allemand via le wallon. En effet, il y a en allemand un verbe « dreschen » qui désigne le fait de battre le blé avec un fléau pour en extraire les grains qui retombent nombreux en pluie en faisant beaucoup de bruit. Il y aurait donc analogie entre ce bruit et celui de grosses gouttes d’une pluie drue.

    Ca me plaît mieux et ça me paraît plus logique. A part cela, je m’amuse beaucoup avec tous ces mots, j’adore comme toi étudier tous ces mots qui nous viennent des quatre coins du monde!

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    • Coucou Monique, merci pour ton commentaire: il faudra donc que je vérifie!
      Pour l’étymologie, j’ai fait confiance aux documents sur ces mots fournis pour les écoles, mais une erreur s’est peut être glissée dedans… je vais essayer de vérifier ça au plus vite, surtout si tu dis que ça viendrait plutot de l’allemand…
      La situation de la Belgique me semble bien compliquée de l’extérieur, haha!
      Tu habites où déjà toi en Belgique?

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    • Hihi, tu vois tu en apprends de belles! est-ce qu’il y a des mots régionaux en Bretagne à part « fest noz »? ;)

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  • Bonjour!
    Si vous voulez faire une dictée incluant ces 10 mots pendant la semaine de la francophonie, je viens d’en réaliser une incluant les trois niveaux de difficulté,3 paragraphes de difficulté progressive, du 1er au 3e) que je peux vous envoyer gratuitement si vous me donnez votre mail.
    Deux autres, un peu moins difficiles mais quand même pour francophones confirmés!

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    • Avec plaisir! Mon adresse est: kantutita(a)hotmail(point)ch
      Merci :) on verra si je fais beaucoup de fottes

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  • Coucou, Kantu,
    Je m’appelle Cláudia, je suis Brésilienne et j’étudie français à l’Alliance Française à Maceió. C’était comment j’ai entendu parlé de votre blog. On utilise la méthode Alter Ego + et il y en a une leçon sur vous.
    Je suis curieuse et j’ai recherché sur Google, et voilà, le lien existe vraiment.
    Ce que je voudrais dire, c’est que vous écrivez très bien, d’une façon amusante et intelligente.
    Je suis contente de trouver cet espace, car j’aime bien la langue française.

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    • Bonjour Claudia, bienvenue sur le blog et merci de m’écrire!
      :) Oui, je sais que j’apparais dans une méthode de langue, c’est super.
      Comme ça les étudiants étrangers apprennent aussi quelques mots suisses ;)

      Merci beaucoup pour vos compliments, et bon courage à vous pour apprendre le français.
      Vous écrivez déjà bien!

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