Le canton où on parle le mieux français, ce serait N…
Légende urbaine: le meilleur français de Suisse serait parlé à Neuchâtel. C’est en tout cas une idée reçue qui revient souvent!
Bien sûr, je la relaie avec mult fierté étant moi-même Neuchâteloise.
Pour réaliser un super dossier sur la langue française, son dynamisme et sa diversité pour l’hebdo Coopération, j’ai interviewé le linguiste Mathieu Avanzi, professeur à l’Université de Neuchâtel et directeur du centre de dialectologie. (Je vous glisse le lien vers le dossier plus bas maintenant que je vous l’ai bien vendu).
J’en ai profité pour lui demander d’où venait cette idée que le français était « meilleur » à Neuchâtel qu’ailleurs en Suisse romande.
Il confirme que lors de sondages, quand on demande aux Suisses romands où est parlé le meilleur français du pays, ils citent souvent leur canton (ce qui prouve surtout notre joyeux chauvinisme à toute épreuve) mais Neuchâtel revient plus fréquemment que les autres.
La raison est historique, comme m’a expliqué le linguiste.
Le français est arrivé à différentes époques en Suisse romande, en commençant par les cantons protestants comme Genève ou Neuchâtel. Jusqu’au 18e siècle en Suisse romande, on parlait francoprovençal ou langue d’oïl (Jura) dans tous les milieux sociaux. Devenus de grands centres intellectuels, Genève et Neuchâtel attirent des élites, tandis que les autres cantons restent plus ruraux.
C’est ainsi qu’est né le mythe du meilleur français à Neuchâtel, car c’est là que les premières écoles de langue et civilisation française ont été créées. En plus, des écrivains tels que Jean-Jacques Rousseau s’y sont réfugiés au 18e siècle. Ses ouvrages avaient été condamnés en France puis à Genève.
Les jeunes Suisses-allemands de bonne famille venaient donc à Neuchâtel apprendre le français, par exemple durant les cours d’été de français pour étrangers existant depuis 1893. Aujourd’hui, ils attirent toujours des étudiants alémaniques, mais aussi internationaux.
Et ainsi le mythe perdure…
Alors, chers compatriotes neuchâtelois, utilisons un langage châtié pour être à la hauteur de cette réputation… et continuons de racler fièrement nos RRRR après tout.
Pour autant, si vous lisez mon dossier, vous verrez que le terme « meilleur » n’a pas forcément de sens, comme l’explique le linguiste, alors…
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… rendez-vous sur le e-paper de Coopération, édition 41 de 2022. Il vous faut entrer un code postal suisse (par exemple 2000 comme Neuchâtel)
Ou lisez directement le PDF par ici!