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Jeux traditionnels camarguais

Le gardian, le Crin blanc et le toro: trois figures emblématiques de la Camargue

Que serait la Camargue sans ses chevaux blancs, ses toros et ses fiers gardians, soit les cow-boys locaux? Dans l’arène, ils se confrontent en participant à des jeux folkloriques. Lors d’une soirée idyllique dans une manade, j’ai eu l’occasion d’être initiée à des jeux équestres… dans le public, j’entends!

Les gardians font preuve d’une grande habileté en se disputant un bouquet, une chaise, en pratiquant le jeu de l’aiguillette ou de l’orange… Je vous explique le principe en quelques mots et en images! (Ce n’est que dans un prochain billet que j’évoquerai la course camarguaise, qui place l’homme, intrépide, face au toro.)

Le cadre de ces démonstrations est le Mas de la Comtesse, au milieu des étangs d’Aigues-Mortes, où résonne le chant des cigales (que vous avez écouté dans ma carte postale super-technologique).

Le jeu de l’aiguillette

Matériel nécessaire:

– une lance, appelée aiguillette (c’est pour le moins un euphémisme, vous avez vu sa taille?)

– un poteau fixé au bord de l’arène, sur lequel on pend un anneau métallique orné de rubans

– un cheval arnaché (camarguais, s’il-vous-plaît!)

– une chemise de gardian, psychédélique à souhait avec ses motifs typiques.

– accessoire facultatif mais décoratif: un chapeau de feutre de gardian

Tour de jeu:

L’un après l’autre, les cavaliers s’emparent de l’aiguillette et effectuent le tour de l’arène en galopant, la bride dans une main et la lance dans l’autre. Arrivés devant l’anneau placé au bout du poteau, ils visent son centre, sans diminuer leur allure.

S’ils visent bien, à leur passage, l’aiguillette décrochera l’anneau. Une tâche impossible sans une immense précision! Attention, il n’est jamais question de lancer l’aiguillette! Ce n’est pas une fléchette.

Exemple:

Cheveux au vent, notre gardian s’approche de sa cible, un anneau de métal marqué par des rubans… Il tente de l’attraper au passage!

Celui-ci peut crier victoire!

Dans sa main, il tient l’anneau, qu’il est parvenu à décrocher. Il va le rendre au monsieur coiffé d’un chapeau de paille, pour qu’il le replace au bout du poteau.

Au suivant de prouver son habileté! À qui le tour?

Des cavaliers et cavalières hors-pair!

Parmi les gardians que j’ai pu admirer à l’œuvre, triant les taureaux dans leur enclos ou jouant dans l’arène, il y avait aussi des jeunes femmes douées! La plus petite d’entre elles a beaucoup impressionné le public, du haut de ses… 6 ans!

Je n’ose pas trop utiliser le terme « gardiane » pour parler de ces cavalières de Camargue, car j’ai une petite crainte que ce ne soit pas correct. En effet, la gardiane de taureau est un plat de viande délicieux, au goût plus sauvage que le bœuf! Ce mot s’applique-t-il aussi à un gardian féminin? Dans le doute, on ne va pas en abuser…  Mais passons plutôt à l’épreuve suivante.

Le jeu du bouquet

Il s’agit d’un duel entre deux gardians. Le premier brandit un bouquet, et est pris en chasse par le second, qui doit tâcher de le lui arracher.

Photo ci-contre

Voir ces deux-là à l’œuvre est une preuve fantastique de leur maîtrise dans la conduite de leurs chevaux. Les sabots, sans s’emmêler, alignent feintes et demi-tours, bifurquent à angle aigu en faisant voler la poussière. Rappelons que le gardian au chapeau, Vincent, aussi responsable de la manade, tient la bride d’une main!

C’est l’épreuve équestre la plus impressionnante que j’ai vue ce soir-là!

Il n’y a qu’à regarder la photo ci-dessous: les destriers semblent à la verticale, mais elle a volontairement été prise de travers. Comparez les pattes de chevaux à l’arrêt, pour voir… Vous êtes pris de vertige?

Note: les chemises de gardians sont décidément magnifiques.

 

Le jeu de l’orange

L’un après l’autre, les gardians font le tour de l’arène en attrapant les oranges dans la main de plusieurs volontaires arrachées de force aux gradins. Elles sont un peu inquiètes. Bon, les oranges, ici, sont remplacées par des balles de couleur orange, pour éviter de couvrir le public de jus!

 

Le jeu de la chaise

C’est la dernière épreuve dont je veux vous parler aujourd’hui. Vous connaissez le principe des chaises musicales, bien sûr. Ici, c’est pareil… mais à cheval! Il faut être rapide lorsque la musique se tait, trotter vers une chaise libre et être prompt à mettre pied à terre et cul sur la chaise… Oui, évidemment, ce n’est pas le cheval qui s’assoit! Ce sont de fiers camarguais, pas des éléphants du cirque Knie, le plus célèbre chapiteau suisse! (quoique, cette petite vidéo prouve que leurs pachydermes ne sont pas si dociles)

Bientôt, dans une suite à ce billet, je vous parlerai de la course camarguaise, une épreuve qui prend aussi place dans l’arène, mais qui implique des taureaux. Ou plutôt des toros! Je vous expliquerai…

En attendant, vous pouvez relire ce billet sur un lâcher de taureaux dans les rues du Grau-du-Roi, soit un abrivado (à prononcer abrivade, encore un mot provençal, donc occitan, tout comme gardian).

Et si vous souhaitez voir de vos yeux ces démonstrations équestres, observer de près les toros ou goûter à de la gardiane, vous pouvez vous aussi vous rendre  au superbe Mas de la Comtesse! (J’insiste, ceci n’est pas de la pub mais un conseil d’amie séduite par l’accueil!)

Photos © Yapaslefeuaulac.ch

kantutita

Signes particuliers: toujours une tasse de thé et un livre à la main! Suissesse expatriée en Alsace, après plusieurs escales en France et une parenthèse montréalaise, je blogue depuis plus de dix ans! Et je cultive un faible pour la papeterie, le chocolat et le Japon...

2 réflexions sur “Jeux traditionnels camarguais

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