Camp de ski suisse: Tartines au Caotina et chutes volontaires des arbalètes (2/2)
En France, dans le Sud, je rencontre parfois des gens qui n’ont jamais mis de skis (et certains prétendent n’avoir jamais vu de paysage enneigé!): ils ne savent évidemment pas ce qu’implique un camp de ski suisse. J’ai donc écrit ce premier billet pour expliquer aux Français comment tous les petits Helvètes ont accès aux sports d’hiver…
Dans cette deuxième partie, je vous parle du secret pour avoir du matos à prix cassé pour toute une école et des souvenirs emblématiques de cette semaine à la neige.
Tous au troc pour acquérir du matos
Amis français, vous vous demandez peut-être comment tous ces parents suisses qui envoient leurs gamins à la montagne avec l’école pour avoir une semaine de calme dans l’année leur faire profiter de cette opportunité incroyable de connaître le frisson des pistes bleues, rouges, noires pouvaient se permettre d’acheter une panoplie complète de ski pour cinq jours (car les enfants grandissent vite, d’une année à l’autre!)
Réponse a) Tous les Suisses sont riches
Réponse b), On allait au troc de l’école!
Évidemment, réponse b! La réponse a) est encore un cliché sur les Suisses, pfff. D’ailleurs je crois qu’il y avait des aides pour les familles qui n’arrivaient pas à payer la participation pour envoyer leurs enfants au camp de ski.
Le « troc » de mon école était un événement très important où tous les parents qui ne skient pas se rendaient chaque année, pour acheter des combinaisons, gants, skis, bâtons, masques, et chaussures à petits prix, et revendre ceux qu’ils avaient achetés sur place l’an dernier. Par exemple, on trouvait une paire de ski pour 15 francs, des chaussures pour 5 , des bâtons… C’était de la quatrième main, et cela faisait très bien l’affaire! Je skie d’ailleurs encore aujourd’hui avec mes dernières chaussures du troc (ci-contre),qui ont, tout comme mes skis et mes bâtons, toujours l’étiquette avec mon nom de famille (trait blanc sur les skis!) que mon papa avait collé dessus pour les identifier… Oui, car les parents étaient sommés de marquer toutes nos affaires avant le départ, dans mon école. On mettait même nos initiales sur les étiquettes de nos petites culottes.
Instantanés de camp de ski suisse

Quelques moments emblématiques du camp de ski:
Les immenses thermos de thé chaud et les carrés de chocolat sur du pain des quatre heures, une fois rentrés au chalet (et enfin débarrassés de ces horribles chaussures).
Les tartines de beurre qu’on saupoudrait de Caotina (le meilleur cacao en poudre suisse) au petit-déjeuner.
La nourriture un peu dég des cantines. Comme il n’existait pas de cantine à l’école, on n’avait pas l’habitude et on râlait tout le temps.
Les appels fébriles aux parents, pour leur donner des nouvelles depuis le téléphone à pièce de l’auberge, car ils nous manquaient quand même un peu.
Les héros du camp: les inévitables deux ou trois blessés de chaque édition, qui finissent avec un poignet cassé ou une attelle à cause de ligaments croisés.

Pour ma part, la plupart de mes chutes ont eu lieu sur ces foutues arbalètes, assiettes et autres remonte-pentes instables. Un classique! Parfois, quand nous en avions trop marre de skier après quelques heures d’efforts, mes copines et moi provoquions discrètement notre propre chute pour attendre tranquillement que le prof vienne nous récupérer, plutôt que de nous taper la quinzième descente de la journée. Il fallait bien calculer l’endroit: si on était trop bas, le prof nous hurlait de redescendre et de prendre une autre arbalète.
L’année où, une fois arrivés en Valais après 3-4 heures de car, on a appris qu’il y avait une alerte avalanche sérieuse, et on a passé deux jours à jouer au ping-pong sous alerte rouge avant de rentrer à Neuchâtel sans avoir jamais mis les skis ni être sortis du chalet.
Les chuchotements dans les dortoirs des filles, où on fait semblant de dormir en rangs d’oignon dans nos sacs de couchage, le partage rituel de paquets de Flips, ces chips aux cacahuètes, la perte de chaussons et lunettes de ski dans le bordel ambiant.
Le mot dont on devait se rappeler pour faire un check avant de partir pour les pistes, que j’ai bien sûr oublié. (Après la troisième relecture de ce billet, cela m’est revenu:) c’était BLAGUE: Bonnet, Lunettes, Abo, Gants, Uriner (avant de partir) et … CrEme solaire. Ecran total!! (Modif de juin: Une lectrice éclairée s’est souvenue du mot « Ecran total » pour signifier de ne pas oublier la crème solaire…Et voilà l’acronyme fonctionne grâce à elle!!)
~Fin de la minute « souvenirs, souvenirs »~
Comme je vous le disais dans le premier billet, grâce aux camps de ski que j’ai assidument fréquenté de l’école primaire au lycée, je sais relativement bien skier aujourd’hui, sur tous types de pistes et en toutes conditions. Merci donc au système scolaire suisse pour cette belle opportunité!
Et alors, en France, il existe tout de même des « classes de neige » – j’ai appris l’expression grâce à vos commentaires. Donc les camps de ski existent aussi, mais pas partout. Je n’en sais pas plus sur les régions où c’est plus courant. À vous de nous éclairer!
En tout cas, je ne vais pas pleurer pour les Français du Sud qui n’apprennent pas systématiquement à skier. En Suisse, on a de magnifiques montagnes et on se déhanche sur les pistes, le nez rouge, eux, en revanche, ils ont la mer et sont tout bronzés…
Haha bien sympa ce petit aperçu des camps de ski suisses! Quand j’étais plus jeune (au CM2 en l’occurence, je sais que tu sais à quoi ça correspond ;) ), j’ai eu droit à une pseudo-classe de neige. Lyon n’étant pas très loin des Alpes, nous avions fait 4 sorties ski de fond (je me rappelle que c’était 4 mardis de suite) pour découvrir ce sport… J’en garde de très bons souvenirs d’ailleurs!
Pour ce qui est de ma première « vraie » découverte du ski alpin, j’ai dû attendre une autre forme de « classe de neige », le week-end ski de classe prépa! Et je ne peux cacher à personne que l’ambiance était tout autre!!!
Niveau remontées mécaniques, nous n’avons ni arbalètes ni assiettes en France (du moins par chez moi), tout ça s’appelle « tire-fesse », et seule l’arbalète à droit à son surnom: la « pioche », et est très rare, à la satisfaction de beaucoup de monde!
Nous aussi, on les appelle « tire-fesses »! J’avais remarqué qu’il y avait peu d’arbalètes en allant skier dans les Alpes françaises…mais je croyais que c’était un hasard, sur cette station. Vous avez de la chance d’ailleurs: ces pioches sont mon pire cauchemar. Un jour au camp de ski, celle qui me traînait m’a emporté en l’air (elle est remontée alors que j’étais dessus!!) et j’ai du la lâcher et m’écraser par terre!!! Faut croire qu’elles ne sont pas optimisées pour des enfants de 40 kilos.
T’es sûr que pour l’acronyme BLAGUE, c’était pas « écran total » ? Il me semble que mes profs disaient comme ça ;-)
Bravo Thalie!! Tu as résolu le mystère :) Cela semble bien plus logique!!! Je vais modifier cela dans le billet…