Rose, expat à Aomori au nord du Japon
Expat au Japon, Rose nous raconte ses surprises culturelles et comment elle s’est acclimatée à la vie dans la région la plus enneigée du monde avec sa famille. Ses enfants, ça va, son fils parle déjà japonais après un an!
Rose a grandi à Genève en Suisse, et est de nationalité française. Architecte d’intérieur, elle s’est envolée pour Aomori, au Japon, pour accompagner son mari dans son projet professionnel, et avec leurs deux enfants. Elle nous raconte ses surprises et partage quelques découvertes culturelles avec nous! Selon elle, il y a des similarités entre la Suisse et le Japon…
Il y a une spécialité suisse qui lui manque cruellement (vous verrez vite laquelle) et en bonne Genevoise, elle a fait goûter la soupe de l’Escalade aux Japonais autour d’elle!
Interview d’expat: Rose au Japon
Salut Rose, d’où viens-tu et que fais-tu?
Bonjour, je m’appelle Rose, je suis franco-suisse. Apres avoir grandi à Genève, je suis partie m’installer à Paris pour mon master et j’y suis finalement restée après avoir rencontré mon mari. Je suis architecte d’intérieur. Je propose des simulations 3D pour aider les gens à se projeter dans un nouvel achat sur plan, ou dans des travaux, ou encore simplement pour trouver le style de déco qui leur corresponde. Ce qui est très pratique c’est que je travaille uniquement sur mon ordinateur, donc depuis Genève, Paris ou… le Japon, c’est pareil pour moi !
Où vis-tu au Japon, comment décrire les lieux?
J’habite dans la préfecture d’Aomori, dans l’extrémité Nord de l’île principale. C’est la préfecture la moins touristique du Japon, et réputée comme la région la plus neigeuse au monde ! Oui, oui, au monde. Réputée aussi sinon pour son poisson extra frais, ses pommes et son ail noir. Sinon c’est plus ou moins la rase campagne. Une Japonaise de Tokyo m’a dit qu’elle me plaignait de vivre là !
Avant d’y arriver, avais-tu un attrait pour le pays?
Alors pas du tout ! Je croyais qu’il fallait aimer les manga ou les ramen pour débarquer ici ! Beaucoup d’amis m’ont dit que c était leur rêêêêve de vivre au Japon. Moi j ‘vais plutôt peur d’avoir du mal à m’adapter, mais avec mon mari on s est dit qu avec des enfants de 1 et 3 ans c était le moment idéal pour tenter la grande aventure de l’expatriation. Il travaille sur un projet scientifique collaboratif entre l’Europe et le Japon depuis plusieurs années, donc ça s est fait très vite.
Quelle est ta plus belle découverte au Japon?
Je suis fascinée par leur obsession des fleurs et des changements de saisons. Il y’a 72 micro-saisons au Japon ! Quand on est arrivés au printemps on est tombés dans un embouteillage de plus de 2 heures… pour aller admirer les champs de colza ! Mais on a appris a s émerveiller aussi et on est beaucoup plus sensibles à la nature maintenant.
Ta plus grande surprise?
Ma plus grande surprise c’est que je m’y plais au point d’appréhender de repartir un jour. J’aime les paysages grandioses qui évoluent constamment au gré du vent et des saisons. J’aime le sentiment de sécurité et de bienveillance, ce petit coté kawaii – bisounours, j’aime l’équilibre entre ma vie professionnelle et des relations sociales avec des européens aussi en manque de contact et j aime ma petite maison japonaise… je ne pensais pas que je m’adapterais si vite et bien dans un pays avec lequel je n ai a la base pas d atomes crochus.
Et le plus grand clash culturel?
Je dirais… la fois ou j ai été toute contente qu’une japonaise m amène a la plage et ou elle a été choquée que je retire mes chaussures pour mettre les pieds dans le sable. Au Japon avoir les pieds propre est vraiment très important. On apprend tres vite a toujours avec des chaussettes (propres et sans trous) sur soi car on se déchausse quasi partout : dans les temples, les musées, les écoles, l hôpital… Le Japon a la réputation d être le pays le plus distant de notre culture occidentale.
Côté langue, tu te débrouilles comment?
Mmmm… pas très bien. Les Japonais, contrairement a ce qu on pourrait croire, parlent très peu anglais, et dans ma région pas du tout. Donc c est vraiment a nous de nous adapter. Ce que je trouve tout a fait normal ! Je n ai qu 1 ou 2 heures de cours de japonais par semaine et ca ne suffit pas a communiquer malheureusement. Au bout de 2 ans je peux me faire comprendre pour des choses simples mais absolument pas encore dialoguer. C est ma plus grosse frustration. Heureusement le projet scientifique nous fournit une traductrice qui nous aide dans toutes nos démarches administratives ou privées (aller chez le médecin par exemple…)
Tes enfants sont scolarisés… en japonais?
Et oui ! Et ils ont des grosses semaines avec l’école du lundi au vendredi de 9h à 14h30 dans une école maternelle japonaise, puis de 15h à 18h dans l’école anglophone créé par le projet international pour faire venir des familles européennes. La 1ère année à l’école japonaise a été très dure pour mon grand de 3 ans qui a dû sauter dans le bain et se plaignait de ne rien comprendre, mais maintenant la maîtresse dit qu’il parle japonais avec ses amis, sans faute!
Quelles coutumes japonaises as-tu adoptées?
Ohlala, plein. Mon objet préféré a la maison, c est le kotatsu. C est une table basse (on mange en tailleur sur des chaises sans pieds) avec couverture et chauffage intégré. L’hiver c’est divin ! Sinon on est des grand fans des onsen. Ce sont des bains de sources naturelles volcaniques, tournant généralement entre 35 et 45 degrés. On y va toutes les semaines. Certains Japonais y vont tout les jours se détendre après le travail. On en a testé énormément et je pense que c’est ce qui nous manquera le plus.
Dans cette vidéo, Rose nous montre son kotatsu
As-tu réussi à te créer un cercle social?
Niveau Japonais, rien qui ne dépasse la courtoisie, surtout à cause de la langue. Mais je suis proche de la petite poignée de conjoints d expatriés qui se comptent sur les doigts de la main. On a la chance aussi d’avoir un village socialement très actif, qui propose de nombreuses activités : cuisine, calligraphie, arts et bricolages divers… je participe le plus possible pour rencontrer des gens et apprendre plein de choses :)
Quelle spécialité genevoise ou suisse te manque le plus?
Les caracs! Et sinon, globalement tout les produits de la Migros, en passant par les petits pâtés a la viande, la saucisse au choux, la viande des grisons, tous les fromages, les merveilles, le pain, le chocolat….
Côté cuisine, t’es-tu mise à préparer des spécialités japonaises?
En cours de cuisine ici, j ai appris a faire les gyozas, les omelettes sucrées japonaise, et surtout apprendre à cuisiner certains légumes qu’on ne connaît pas en Europe (je ne sais même pas leur nom en français), et même des fougères et des chrysanthèmes! Sinon, un jour j’arrachais des mauvaises herbes de mon jardin, et ma voisine coréenne m’a fait des grands signes pour me dire de ne pas les jeter, et qu il fallait les manger… Mais je ne saurais pas dire ce que c’était!
Quels plats de chez toi prépares-tu à tes amis japonais pour les épater?
Ce qui les épate c’est que je fasse mon pain. Au début ça n a pas été une mince affaire car il m’a fallu plus d’un an pour acquérir un four (les grands modèles sont très rares et hors de prix au Japon). Mes essais de fabrication de fromage les ont aussi épatés. Quand on m’a demandé de présenter des recettes suisses, je leur ai parlé de l’Escalade et on a cuisiné une soupe de la mère Royaume. Un gros succès car les Japonais mangent des soupes a tous les repas, mais pas avec plein de légumes et pas mixé. Et on a fait des caracs bien sur ;)
Trouves-tu des similarités entre le Japon et la Suisse?
Étonnamment je trouve beaucoup plus de similarités entre la Suisse et le Japon qu’entre la Suisse et la France. Déjà…tout est aussi cher. Mais sinon ils ont un peu le même fonctionnement a beaucoup d’égards : le sens de la propreté, du respect des règles, de la courtoisie, de la discrétion, de la ponctualité…
Qu’est-ce qui te manque le plus de la Suisse?
J’ai mentionné le gruyère et les caracs? Non, ma famille et mes amis bien sûr, mais aussi le sens de l’architecture suisse, et plus globalement européenne qui fait vraiment défaut ici où les bords de lacs ne sont pas mis en valeur, ou on ne trouve pas de petite terrasse pour boire un vin chaud… ce genre de choses… Mais je souhaite à tout Suisse amateur de ski et de montagne de venir un jour découvrir notre merveilleuse Montagne Hakkoda, ses monstres de neige et sa poudreuse mondialement réputée.
Le jour ou les frontières rouvriront… si vous passez, faites signe !
Merci Rose d’avoir partagé ces tranches de vie avec nous! Et bon courage avec le japonais ^^
Je te souhaite beaucoup de plaisir dans la suite de cette expérience d’expat
Si vous avez des questions pour Rose, laissez-les dans les commentaires ci-dessous!
Vous pouvez aussi retrouver ses clins d’oeil d’expat sur sa page Facebook
Photos de l’article: envoyées par Rose – sauf le carac!
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A lire aussi sur le blog:
- Délire, les mots en français sur les enseignes japonaises!
- Le livre d’une Japonaise à Paris: un choc culturel
- Sur mon autre blog: carnet de voyage au Japon
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Bonjour Rose,
Je suis tombée un peu par hasard sur cette interview et j’ai beaucoup aimé la lire. Merci d’avoir partagé cette aventure.
Je suis maman de trois beaux enfants. Un garçon de 12 ans et deux filles de 7 et 1 ans. Nous allons rejoindre la préfecture d’Aomori cet été. Comme toi, mon mari travaille au centre de recherche et a accepté une mission de deux ans. Nous sommes tous impatient de ce grand départ mais beaucoup de questions nous trottent quand même en tête. Peut-être nous y croiserons-nous.
Bonne continuation.
Joanne