Expat: une Française amoureuse du Valais
Un témoignage d’expat au menu du jour, avec l’interview d’une Française tombée amoureuse du Valais. Patricia tient la chambre d’hôtes Le Rucher au cœur du Val d’Hérens, et nous raconte son attachement à nos belles montagnes!
Patricia est une Français au cœur suisse, car elle cumule bientôt 30 ans au compteur dans notre pays! Après une halte prolongée dans le canton de Vaud, elle a trouvé ses marques en Valais, dans le Val d’Hérens. Elle tient la chambre d’hôte « Le Rucher » dans le village de Vex. Elle accueille ainsi des visiteurs venus d’Europe dans ce coin de Suisse qu’elle aime tant, et partage ses bons plans avec eux – même si elle les dévoile aussi sur le blog du Rucher!
J’ai passé du temps avec Patricia le mois dernier lors de ma semaine près d’Évolène, dans cette vallée authentique! Nous nous étions rencontrées en vitesse lors d’un congrès de blogueurs voyages (le WAT) en 2016 à Bruxelles. Elle a eu la gentillesse nous montrer sa vallée durant une folle virée d’une journée. Je vous raconterai tout cela dans un prochain billet bien sûr, et pour aujourd’hui notre expat au long cours a accepté de répondre à quelques questions par mail.
Que faut-il savoir de plus sur Patricia? C’est une femme super dynamique, curieuse de tout, fan de nature et de randonnée et de bons produits du terroir. Elle a le contact facile, de la gentillesse à revendre et… elle semble infatigable! Signe particulier? On dirait qu’elle connaît tout le monde dans le Val d’Hérens ;)
Interview d’expat: Patricia, de l’Auvergne au Valais
Patricia a adopté le Valais (et vice versa!) Crédit photo: Chalet Le Rucher
» Bonjour Patricia! Peux-tu nous dire d’où tu es originaire?
Je suis Auvergnate d’origine, née et grandie à Clermont-Ferrand
Où vis-tu aujourd’hui ?
Je vis en Suisse, plus précisément dans le canton du Valais, au Val d’Hérens, la vallée du vrai Valais dit-on !
Qu’est-ce qui t’a amenée en Suisse au départ?
Voilà déjà presque 30 ans que je vis en Suisse. Le temps passe ! De formation hôtelière, j’ai débarqué en Suisse en 1989 pour un emploi. Je ne connaissais rien de ce petit pays, c’était un pur hasard, j’ai postulé à une petite annonce des Carrières internationales du journal de l’hôtellerie en France. Ça m’a conduit au Pays d’Enhaut dans le canton de Vaud. Au final, ça aurait pu être le Canada, l’Angleterre ou un autre pays… j’avais envie de bouger, de voyager en travaillant.
En découvrant le pays, qu’as-tu pensé au début? Choc culturel ou tu te sentais comme un poisson dans l’eau?
Avec les années, mes souvenirs se sont un peu estompés mais je me souviens avoir été surprise par les paysages en traversant le Col des Mosses pour rejoindre Château d’Oex. J’ai même failli faire demi-tour, apeurée par cet aspect authentique et préservée. J’avais l’impression de rentrer dans les films de Heidi et je n’avais pas imaginé un seul instant que ça puisse exister vraiment. Puis, j’ai été surprise par le caractère montagnard des gens, un peu rustres parfois dans ces montagnes vaudoises mais ô combien attachant et d’une extrême politesse. Tout était en opposition avec la France, d’autant plus que j’étais plus citadine que montagnarde à l’époque !!!
Des choses t’ont-elles surprise à propos des Suisses? Franchement, est-ce qu’on fait des trucs bizarres?
Des trucs bizarres, non je ne crois pas ! Mais on avait beau parler la même langue, le français, le parler était différent. Il y avait beaucoup de mots ou d’expressions que je ne comprenais pas. Les Suisses s’amusaient beaucoup et jouaient de ce vocabulaire incompréhensible pour moi. Mais aujourd’hui je suis parfaitement bilingue! (rires)
Tu sembles être TRÈS attachée au Valais et au Val d’Hérens aujourd’hui. Qu’est-ce qui t’a fait tomber amoureuse de ces montagnes?
Après mes débuts à Château d’Oex, j’ai rejoint le Valais sur un coup de tête pour relever un défi professionnel qu’on m’avait proposé… et là, les challenges professionnels se sont enchaînés jusqu’à m’enraciner. Aujourd’hui, il serait impensable pour moi de quitter la Suisse. J’y ai trouvé mon cocon en m’installant dans le Val d’Hérens, ma vallée de cœur, d’adoption. Nous y avons acheté un chalet traditionnel, un VRAI coup de cœur pour un projet passion puisque j’ai ouvert la maison d’hôtes de mes rêves !
Comment ne pas tomber amoureuse de ce coin de paradis où il fait vraiment bon vivre ? Le climat est exceptionnel, vivre 4 saisons à la montagne est selon moi un vrai luxe. J’aime les gens, leur caractère, leurs traditions ancestrales. J’aime cet esprit terroir qui règne dans nos villages. J’aime ce petit côté hors du temps. C’est aussi pour cela que j’aime partager avec mes hôtes de passage. Cet endroit est exceptionnel par sa qualité de vie et mériterait d’être connu et reconnu mais… pas trop quand même! Pour ne pas perdre le privilège de vivre en pareil lieu…
Le chalet de Patricia « Le Rucher », et la vue depuis la terrasse d’une des chambres! (Oui j’ai eu l’honneur de visiter son chalet!) (Photo: YPFL)
Est-ce difficile de déposer ses valises dans une petite vallée où tout le monde semble se connaître? Comment a été l’accueil?
Très sincèrement NON ! Effectivement, tout le monde se connait et il faut faire sa place, gentiment et humblement mais ça n’a pas été difficile du tout ! On a laissé notre porte ouverte, on est allé au-devant les gens, on a joué la carte locale… et on a reçu un accueil extrêmement chaleureux de la part des locaux, nous proposant leur aide au besoin. Depuis, (cela fait 7 ans que nous avons posé les valises dans le village de Vex), nous nous engageons à notre manière dans la vie locale et je suis, moi-même, impliquée dans plusieurs comités d’organisation à vocation culturelle et touristique. Je crois pouvoir dire que je me sens parfaitement intégrée, oubliant parfois même, mes racines !
(On va vérifier l’intégration de Patricia avec une question piège) Ta raclette, tu la manges avec ou sans charcuterie?
Aie aie aie !!! la charcuterie, le mot à ne jamais associer avec celui de raclette. Bien évidemment, je la mange SANS, faisant la part belle au fromage. C’est comme ça en Valais, l’origine de la raclette est valaisanne et c’est tout un symbole, presque un art de vivre. Il n’y pas de fête sans raclette. La raclette traditionnelle se fait généralement au feu de bois (ou au four spécial à raclette) et se déguste avec seulement pommes de terre, cornichons et oignons.
En revanche, quelques morceaux de viande séchée artisanale en préambule, à l’apéro, sont les bienvenues mais la charcuterie… Oh sacrilège !
Quels conseils donnerais-tu à un Français débarquant en Suisse, ou plus spécifiquement en Valais?
Observe, sois curieux, et essaye de ne pas faire des parallèles incessants avec la France « oui mais nous en France… » à bannir ! Mais en réalité, je donnerai le même conseil pour tout expat qui arrive en territoire étranger. Comprendre la culture de l’autre sans porter de jugement prématuré est la base de l’intégration, je crois !
Le Val d’Hérens sous la neige – Photo: YPFL
Quelles sont les aspects de la France qui te manquent?
La diversité gastronomique, les villes bouillonnantes de culture, la richesse des terroirs. La France est un pays incroyable, tellement varié… Je peux comprendre le chauvinisme de certains Français, c’est vrai que sans nul doute un des plus beaux pays d’Europe, qui comptent quelques merveilles incontournables, notamment les volcans d’Auvergne !!! (rire)
Et les spécialités?
Un plateau de fruits de mer, du poisson sauvage de mer… et surtout des cuisses de grenouilles fraîches. Chaque année, je fais mon pèlerinage pour manger ce plat !
La pâtisserie française aussi me manque. La suisse, n’est pas à mon goût .
Tes prochaines escapades en Suisse, ce sera quoi?
Les toutes prochaines seront en France et en Italie pour être honnête. En été, généralement, je profite de nos montagnes valaisannes. Sinon, j’aimerai bien découvrir davantage la partie grisonne et tessinoise de la Suisse. En fait, ma « bucket list » est très longue. Bien que la Suisse soit un petit pays, il y a plein de choses à découvrir. Je connais assez bien les incontournables helvétiques mais il y a encore des coins qui me sont complétement inconnus. Peut-être je partagerai mes prochaines escapades et balades en suisse sur mon nouveau blog.
La traditionnelle raclette au feu de bois, ici au restaurant La Grange à Evolène ! Eh oui, la meule est posée près des flammes et directement raclée. Photo: YPFL
Quelles sont les 3 ou 5 choses à goûter en Suisse selon toi?
Sans hésiter, la traditionnelle raclette valaisanne au feu de bois, la brisolée en automne et les plats de chasse locale en saison. Il y a aussi tous les produits d’alpage qui méritent d’être dégustés (sérac, tomme) et aussi toutes les spécialistes insolites telle une fondue dans un caquelon de pain. En fait, je réalise que c’est trop compliqué de restreindre à 3 ou 5 choses car ça se joue dans les détails et dans la tradition.
Hors valais, je suis une inconditionnelle des spécialités fribourgeoises : une bonne soupe de chalet, des meringues à la crème de gruyère. Il est midi 20 ! j’arrête !
Bon, si c’est l’heure du dîner, on va te laisser! Un dernier mot?
J’aurais envie de rajouter que la Suisse n’est pas le pays que les Français croient être. Les banques, le chocolat, la richesse. Tout un tas de clichés et stéréotypes qui ont la dent dure. C’est peut-être cette image là que l’on retiendra si on fait un stop uniquement à Genève mais la Suisse ne se résume pas à Genève, tout comme la France ne se résume pas à Paris !!!
26 cantons, 26 façons d’aborder la suisse de manière inédite. Et pour ceux qui auraient besoin de bons plans et conseils pour la suisse romande et le Valais en particulier, je les renseigne volontiers ! »
Merci Patricia!
Et moi j’ajoute que si vous avez envie de découvrir la région, un petit séjour dans la maison d’hôtes Le Rucher est un bon point de départ, tant pour l’auberge sympa que pour rencontrer Patricia et profiter de ses bons conseils!!
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Et retrouver d’autres interviews d’expats sur le blog par ici! Et par là des livres écrits par des expats sur leurs expériences.
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