Différences culturellesSix mois au Québec

Des dollars et des tips

Payer au Québec, ce n’est pas une partie de plaisir, sauf en ce qui concerne l’esthétique des pièces de monnaie. Les taxes de l’état sont à additionner aux prix étiquetés (si on les trouve), et il y a les pourboires à ne pas oublier!

Le menu de ce billet en trois parties:

  • Les dollars canadiens
  • N’oubliez pas le pourboire au Québec!
  • Des prix parfois difficiles à trouver

Les dollars canadiens $$$Dollars canadiens - Photo YPFL

Je vous ouvre à nouveau mon porte-monnaie, qui cette fois ne contient plus des billets suisses, mais bien des dollars canadiens. Ne les confondez pas avec les dollars américains! Ils n’ont ni la même tête, ni la même valeur, même si leurs cours sont proches.

Pour vous donner une idée, 1 CAN $ vaut environ 0,83 franc suisse, ou 0,70 centimes d’euro.

J’aime beaucoup les dollars canadiens! Les billets sont colorés, et les pièces arborent des castors et des cerfs. Quoi de plus folklorique! Par contre, en arrivant dans un pays, c’est toujours difficile de se familiariser avec ses nouveaux écus. J’ai tendance à toujours tendre un billet car c’est plus simple, et je me retrouve avec une bourse qui pèse lourd. Mon chum m’aide au moment de passer à la caisse:

« Donne-lui encore un castor et un bateau, et le compte y est, avec le canard et l’ours! »

Si vous ne comprenez pas, c’est que vous n’avez jamais vu les jolies pièces canadiennes. Les voici, de 5 cents à 2 dollars. (Vous remarquerez qu’on n’a pas de 1/2 dollar ou 50 cents au Canada, à la place on prend 2 caribous)

Dollars canadiens - Photo YPFL

Le « canard » de la pièce de 1 dollar est en fait un « plongeon huard », palmipède culte au Canada.

En s’inspirant de ces jolis exemples, je propose qu’en Suisse, on décore nos pièces de marmottes, bouquetins, vaches et chamois, et en France, d’huîtres, de cochons et de coqs. Qu’est-ce que vous en dites? En plus, j’ai remarqué avec enthousiasme que les 25 cents canadiens se déclinent en éditions collector! Si, si, j’en découvre régulièrement de nouvelles, dotées de couleurs! Le bison reste mon préféré.

Pièces collector

J’ai aussi remarqué que plusieurs générations de billets de banque se côtoient dans les tiroirs caisses. Justement, penchons sur ces coupures canadiennes. Regardez-moi ces beautés!

Dollars canadiens - Photo YPFLBillet banque canadienbilletbanquecanadien

[Source des deux dernières photos ci-dessus: Banque nationale du Canada]

Encore mieux que les billets suisses (je sais que vous allez râler), ils cumulent la transparence, un hologramme, des reflets métalliques, des feuilles d’érable et… Elizabeth. Hein? Mais qu’est-ce qu’elle fait là, elle? La monarque britannique s’incruste sur mon billet de banque canadien?

Eh oui. J’ai appris avec ahurissement que la Reine d’Angleterre a encore son mot à dire sur son ancienne colonie, voyez plutôt ces infos officielles sur son rôle au Canada ici – in English of course.

Dollars canadiens - Photo YPFL

« Elizabeth! Mais que fais-tu donc là? »

[Les photos sur fond bleu ont toutes été prises par YPFL, et recadrées avec difficultés car Photoshop refusait de manipuler des billets de banque, me prenant pour une fausse-monneyeuse. Heureusement, il y a d’autres programmes moins regardants.]

N’oubliez pas le pourboire!

Changeons de sujet, et évoquons les pourboires. Je préfère vous avertir avant que vous ne mettiez un pied au Québec, et que vous viviez des moments honteux en passant pour des rapiats: le tip a cours au Canada, comme aux États-Unis. Si vous avez déjà voyagé dans ces pays, vous avez sûrement comme moi commis une erreur et oublié de laisser un pourboire, en abandonnant de pauvres serveurs interloqués derrière vous sans comprendre pourquoi. Foutus Européens, ils doivent se dire. Heureusement, un gentil crêpier breton nous a expliqué le système lors de notre 5ème jour à Montréal, et depuis on tippe et retippe avec fierté.

Pour les lecteurs qui n’ont jamais mis un pied sur le continent nord-américain, je précise qu’il ne s’agit pas d’un pourboire comme en France ou en Suisse, où il est de coutume d’arrondir le prix de sa consommation, et de laisser un bonus en monnaie lorsque le service était cordial et que l’on a soi-même de charmantes manières.

Non, ici, le pourboire est une obligation, qui est chiffrée à 15% de la note au minimum. Obligation à laquelle on se plie volontiers, car les serveurs et serveuses québécois sont tous extrêmement sympathiques, vous tutoient et vous demandent « ça va bien? » avec un grand sourire en guise de boujour. Le pourboire est de surcroît important, car il contribue à la rémunération des serveurs, dont le salaire horaire minimum est plus bas que les autres professions – puisque sensé être compensé par le tip (plus d’infos sur ce site).

Notez qu’il est toujours possible de donner plus si on est ravi par le service! Sur ce lien, vous trouverez des recommandations sur le pourcentage à laisser selon le type de restau.

Du point de vue d’un humble touriste, cette coutume du pourboire au Canada a néanmoins trois écueils:

(1) Le problème, c’est de faire le calcul mental sur le vif après avoir bu deux gouleyantes bières de micro-brasseries locales. 0,15% du prix de ma consommation cela fait…heu…. heu… On se sent comme un cancre devant le tableau noir, vapeurs d’alcool obscurcissant le cerveau en sus. Pas  de panique, la réponse est toujours: 1 dollar! Je tiens cette information d’une Québécoise même, la coutume veut que l’on laisse un dollar par verre commandé, sans se torturer les méninges. Voilà qui est pratique.

Pour les autres types de consommations, il faut calculer, un dixième du prix, plus la moitié de ce résultat. Fastoche ou presque! Après plusieurs mois à pratiquer, on s’y habitue.

(2) Le deuxième problème, c’est de savoir QUAND il faut laisser un pourboire, ou pas. Il y a souvent des tirelires à tips sur les comptoirs des fast-foods par exemple. J’ai appris qu’il FAUT laisser un pourboire au bar, au restaurant, chez son coiffeur et après une course en taxi. Quand le service est au comptoir, c’est facultatif, par exemple à Poulet Frit Kentucky (PFK) ou chez le glacier.

Si des Québécois sont prêts à compléter la liste des tips obligatoires, je les écoute!

(3) Troisième hic: les prix ont toujours l’air plus bas qu’ils ne le sont réellement, car le pourboire n’est pas compris dedans… ni les taxes de l’État, de 15% au Québec. Donc vous pouvez ajouter 15% à l’étiquette de ce que vous achetez en magasin (qu’il s’agisse d’un parapluie ou d’un paquet de croustilles), et 30% à vos consommations au bar ou au restaurant. Sauf si la mention « taxes incluses » figure quelque part.

Cas pratiques

  • Du coup, si la carte du restau présente un plat pour 20 $, il vous coûtera en réalité 26 $.
  • Si vous achetez un parapluie étiqueté à 10 $, il vous en coûtera 11,50 $. Si vous préférez le modèle à 30 $, vous en aurez pour 34.50 $ en réalité.

Alors quand vous regardez la carte d’un restau, n’oubliez pas d’ajouter les taxes et le pourboire si vous voulez vous faire une idée précise du budget.

Des prix masqués

Il y a un dernier point dont je voulais vous parler, un point plus volatil, moins palpable, un brin mystérieux concernant le rapport des Québécois à l’argent. C’est à propos des prix. À vrai dire, ils sont parfois introuvables, comme s’ils étaient secondaires dans l’acte d’achat, ou ne comptaient pas vraiment.

Systématiquement avec mon chum, on cherche le prix des choses et on ne le trouve pas. Chez les dépanneurs, les articles ne sont pas tous étiquetés. Dans mon supermarché (Provigo), des prix manquent à l’appel régulièrement au rayon des légumes. Sur les sites des festivals, il n’y a parfois qu’un moyen de connaître le prix d’entrée: mettre le billet dans son panier et faire mine de commander, uniquement pour connaître le tarif. En lisant des articles de journaux ou de blogs, le prix des choses est aussi une info qui m’a fait souvent défaut. Heureusement, les ardoises et menus des bars et restaurants sont plutôt clairs sur ce point, encore heureux!

Alors, quoi? Est-ce que connaître le prix avant d’acheter n’est pas un point incontournable pour les Québécois? Est-ce que nous avons juste la poisse? C’est assez étrange! À force, j’ai pris l’habitude de placer des choses « sans prix » dans mon chariot de supermarché, en priant intérieurement pour que cela ne soit par l’arnaque à la caisse. Jamais eu de mauvaise surprise pour le moment!

Bon, je termine ici ce billet sur mes expériences friquesques et numismatiques au Québec en vous souhaitant à tous de gagner à la loterie – Euromillion ou Tribolo selon vos préférences. Oui, je prodigue des vœux car la rédaction de cet article m’a mise d’humeur généreuse.

Aux Québécois: n’hésitez pas à apporter vos lumières à mes interrogations dans les commentaires! Les autres: vous pouvez nous raconter vos déboires face aux taxes et aux tips. On se sentira moins seuls!

kantutita

Signes particuliers: toujours une tasse de thé et un livre à la main! Suissesse expatriée en Alsace, après plusieurs escales en France et une parenthèse montréalaise, je blogue depuis plus de dix ans! Et je cultive un faible pour la papeterie, le chocolat et le Japon...

7 réflexions sur “Des dollars et des tips

  • Bonjour. Merci pour ce blog et ces brillants articles.
    J’ai une petite anecdote sur les taxes. Lors de notre installation au Québec en 2010, nous avons fait venir nos affaires par container depuis la Suisse. Evidemment nous avons payé les taxes d’entrée au Canada sur la valeur de ce que nous importions. Jusque-là rien à dire. Mais ensuite, nous devions aller dédouaner nos affaires dans les (superbes) bureaux des douanes canadiennes à Montréal. Et là l’officier me signale qu’il faut que l’on paie les taxes sur… les taxes! Véridique! En découvrant mon regard incrédule, le très sérieux fonctionnaire en uniforme m’a lancé un tonitruant « Bienvenue au Québec »… Dans les semaines suivantes, je m’attendais à recevoir une facture pour payer les taxes des taxes des taxes mais, bizarrement, cela semblait leur suffire… :)
    PS: à noter que les taxes payées par les touristes étaient remboursées jusqu’à il y a quelques années. Il fallait bien garder tous ses tickets et remplir un formulaire. On recevait un chèque à son domicile quelques semaines plus tard. Depuis, cela a été abandonné. Ce qui au passage n’est pas correct puisque les taxes servent à payer les services dont les habitants profitent au long de l’année (routes, assurance maladie, services, etc). Ce qui ne concerne pas les gens de passage…

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  • J’ajoute que la chose la plus simple pour calculer le pourboire est d’additionner les deux taxes présentes sur le ticket et de donner la même chose. Comme les taxes sont de 14,975% on arrive quasi aux 15% de pourboire requis…

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    • Bonjour Gérald, merci pour vos messages et ces anecdotes sur les taxes… des taxes. Cela m’a fait rire jaune!!!
      L’idée pour calculer les taxes est BRILLANTE. Fini mes problèmes de calcul mental! :)

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  • Je confirme le truc de Gérald. Quand je suis parti en stage au Canada, on m’a dit de donner le double des taxes en tip (vu que 2×15% = 30%). Et ça marche très bien vu qu’il est plus facile de multiplier par 2 que par 0.3!
    Il me semble qu’il faut payer des tips pour les taxis aussi. Mais c’est à confirmer…
    Une anecdote sinon: Lors de vacances au Québec, j’ai retrouvé des amis installés là-bas. Pour fêter ça on est allés dans une de ces fameuses micro-brasseries, et j’ai payé ma tournée. Content de retrouver mes amis, j’étais d’humeur généreuse (moi aussi!), le serveur bien cool, j’ai donc un peu forcé sur le tip (mais volontairement, je n’était pas ivre! :P). Eh bin le serveur a insisté pour que je donne moins, que c’était beaucoup trop, toussa toussa! Je pense qu’il s’est dit « le pauvre, encore un touriste qui va se faire arnaquer parce qu’il n’a rien compris » XD
    Sont sympa ces Québecois quand même…

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  • Ping : Mes bonnes adresses à Montréal - Birds and Bicycles

  • Au Canada il existe des pièces de 50 cents c’est juste que c’est rare et les banques n’en fournit pas.Elle est juste disponible à la Monnaie Royale Canadienne.

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