Dans la taïga de Charlevoix
Épisode 5 du carnet de route au Québec – Et cette fois, c’est Hugo qui s’y colle!
« Après la petite visite océanographico-culturelle à Tadoussac (voir épisode précédent), il était temps de reprendre notre route vers le sud, en traversant la rivière Saguenay. Et on a eu une petite surprise en trouvant une route qui descendait tout droit vers la berge… et rien d’autre. En fait, le Saguenay est un fjord, très profond et relativement large à cet endroit, avec des berges escarpées tombant en a-pic dans la rivière. J’imagine donc que construire un grand pont s’avérait trop compliqué. La traversée est donc assurée par trois ferries, qui font un roulement toutes les 20 minutes.
À la descente du ferry, nous avons alors mis le pied (ou plutôt la roue) dans la célèbre région de Charlevoix, fameuse pour ses paysages qui ont inspirés maints artistes depuis des décennies.
Nous avons donc longé la côte nord du Saint-Laurent, de Baie-Sainte-Catherine jusqu’à Baie Saint Paul, en passant par les charmants petits hameaux côtiers de la région : Saint-Siméon, La Malbaie, Sainte-Irénée et Saint-Joseph-de-la-Rive, d’où l’on peut prendre un traversier pour la charmante Île aux Coudres. C’est juste à côté de ce petit village au bord de l’eau que nous avons trouvé notre auberge des Volets Verts, dans le village des Eboulements.
Nous sommes allés passer une première nuit dans cet endroit sympathique, où nous avons été reçus par Micheline, une Québécoise pur jus. Elle tenait l’auberge de sa copine, Mme Tremblay, partie en vacances. Nous avons eu le privilège de partager sa table avec son frère et sa femme, qui nous ont abreuvé d’histoires d’enfance dans la campagne québécoise, de rencontres avec des moufettes et des ours noirs. Nous avons également ressenti une sorte de méfiance, pour ne pas dire autre chose, des gens en région vis à vis de la grande ville cosmopolite et très (trop ?) anglophone qu’est Montréal.
Rando au Parc des Grands Jardins
Le lendemain, nous avons tourné le dos à la mer et nous sommes aventurés dans les terres, jusqu’au Parc National des Grands Jardins. Ce qui nous a poussé là-bas est le relief et le climat si particulier de coin qui fait que l’on y trouve de la taïga à une latitude bien moindre qu’ailleurs dans le monde. Ce relief si particulier de la région de Charlevoix est du à la chute d’un astéroïde il y a quelques 360 millions d’années.
Le parc se situe à la limite du cratère et donne une vue très dégagée sur toute la zone de l’astroblème.
Mais pour avoir cette charmante vue, il faut la mériter. Nous y avons eu droit après une marche de 4 km, en montée (dénivelé de 500 mètres quand même!) pour arriver au Mont du Lac du Cygne. C’est la rando classique du parc!
À mi-chemin: un splendide spot à pique-nique au bord d’un lac
Des bleuets sauvages ¦ Kantu, trop heureuse de retrouver enfin des montagnes dignes de ce nom
En chemin, nous avons pu voir des parterres entiers de bleuets, ces petites baies qui font la fierté du Québec et dont les ours noirs sont très friands. En revanche, on n’a pas croisé beaucoup de bestioles, si ce n’est des écureuils (encore eux!), utilisant leurs dons de ninja pour voler des bouts de mouchoirs… Je vous jure, on a la preuve.
Dans la taïga de Charlevoix
Après la redescente, et un total de 8 km, nous nous sommes dit que nous marcherions bien encore un peu, malgré la bruine. Alors on s’est enfoncés plus loin dans le parc pour aller voir la fameuse taïga. À l’accueil du parc, on nous a conseillé le chemin baptisé « La Pinède » (7 km) On ne s’attendait pas particulièrement à un changement de paysage, et pourtant, même si les lacs et les sapins étaient toujours là, c’est une vue sensiblement différente qui s’est offerte à nous.
La taïga est en effet caractérisée par ce lichen vert clair, presque blanc qui recouvre tout le sol de la région. Et ce fameux lichen est la nourriture préférée de quoi? Des caribous! Ces grands cervidés, qui vivent en hardes sont ni plus ni moins la même chose que nos rennes européens. Mais ils vivent bien plus au nord d’habitude. Et si on les trouve tellement au sud, vous l’aurez compris, c’est à cause de ce micro-relief-climat qui a fait apparaître de la taïga quelques centaines de kilomètres trop au sud. C’est la principale raison qui nous a poussé à venir ici… la possibilité de voir des caribous ! En vain, malheureusement.
Pour que vous voyiez à quoi ressemblent ces cervidés: voici un entremêlement de caribous gloutons qui vivent en semi-liberté au Zoo de Saint-Félicien, autour du Lac Saint-Jean.
Par contre, c’est en ce milieu d’après-midi que nos avons fait une rencontre intéressante. Nous marchions sur un petit chemin qui surplombait un lac, quand nous avons entendu au loin un longue plainte : Aaaouuuuuhhhhhhh! Là, on s’est arrêté net. Je rappelle que dans tout le Québec, il n’est pas rare de tomber sur tout un tas de bestioles sauvages, notamment des loups et des coyotes, qui ne sont pas rares dans la région. Alors, là savoir qu’on était si près… Et puis on a regardé vers le lac, et on a vu ça :
La bestiole que vous voyez ci-dessus est un plongeon huard, un canard plongeur très commun au Québec, et qui a la particularité de faire ça :
D’où la méprise. Pas de loup ou de coyote mais… seulement un canard! Heureusement, notre copine MC nous avait prévenus (elle fait une belle imitation de plongeon huard) et dès que nous avons vu le volatile, nous avons cessé d’espérer voir une meute de canidés courir à travers les arbres.
Après cette bonne journée de marche (pas loin de 14 km quand même!), nous sommes retournés passer une deuxième nuit chez Micheline, dans notre sympathique auberge des Volets Verts aux petites chambres colorées (et décorées de canards en bois, des objets très à la mode au Québec, enfin, probablement surtout chez les plus de 50 ans).
Avant de revenir sur nos pas, direction la région de Saguenay – Lac Saint Jean! À suivre dans les prochains épisodes de notre road-trip au Québec… »
Liens
- Le site du Parc National des Grands Jardins avec le détail des randos
- L’auberge Aux Volets Verts