Impressions de Paris sous la pluie
Je viens de passer quelques jours dans la capitale française, ayant eu l’occasion d’arpenter ses rues pour la première fois depuis mon expatriation. J’ai été prise de vertige en posant le pied sur le quai, ma carte à la main: gigantesque, l’agglomération parisienne compte presque autant d’habitants que la Suisse entière. Dans ce billet, je vous livre mes impressions de la ville, puis je liste mes quartiers préférés et quelques conseils de routard.
Oberkampf. République. Belleville. Châtelet. Gaîté. Montparnasse-bienvenüe, au umlaut énigmatique. Poissonière. Rue du Bac. Duroc. Bastille. Rue des Boulets.
J’ai sillonné tout Paris, de long et en large en un éclair de métro. Je n’ai vu que son ventre gris, son réseau d’intestins sous-terrains qui digèrent des passants tous pareils, pressés, passifs, alors que les rames de wagons crient, couinent, braillent, rouspètent, et leurs rouages rouillés broient et massacrent mes tympans.
De retour sur terre, après m’être mille fois perdue dans les méandres du métro, j’ai goûté à la Madeleine, survolé la Concorde, et me suis retrouvée à court de jeux de mots bancaux à St-Germain-des-Prés, avec la voix de Vian chantant dans ma tête.
J’ai cherché la sorcière à la Rue Mouffetard, fredonné sur les Champs-Elysées pour ne pas entendre le brouhaha – ils sont bien moins jolis que ceux de la chanson et envahis de boutiques, aux vitrines présentant des bijoux, du maquillage de luxe ou des sacs à main (palalalala).
J’ai joué à cache-cache avec la tour Eiffel à l’humeur changeante, depuis la fenêtre de l’hôtel, des quais d’Orsay, du haut du Printemps luxueux, de la butte Montmartre, et elle avait toujours la tête dans le brouillard et les pieds dans la pluie. J’ai humé des fleurs au Jardin des plantes (ci-dessous), au Jardin du Luxembourg, au Jardin des Tuileries.
J’ai eu un fou-rire en me tenant sous l’arc de triomphe, en pensant à celui de Montpellier, riquiqui et jaune.
Je n’ai pas marché dans une merde de chien. (Contrairement à la légende, les trottoirs de Paris m’ont paru propres. Plus que ceux de Montpellier constellés de déjections canines en tout cas…)
J’ai pleuré la perte de mon ticket. Envolé. Au revoir le métro.
J’ai trébuché sur le Centre culturel suisse, dans une ruelle colorée, l’Impasse des Arbalétriers (j’y ai vu un hommage à Guillaume Tell). Il organise divers événements et invite des artistes suisses à Paris.
Je suis tombée dessus par pur hasard lors d’une expédition sans carte dans le quartier bidimensionnel du Marais. Dans une rue, je vois une famille juive avec toute la panoplie: frisettes, kippas, enfants y compris, près de la synagogue. D’autres passants se tirent le portrait devant le meilleur falafel de la ville. Bon, c’est clair: je suis dans le quartier juif. Je bifurque et au coin de la rue, je tombe sur un vendeur de sous-vêtements masculins moulants à souhait, car me voilà de retour dans le quartier gay, avec ses boutiques de mode masculine.
Face au tourbillon d’expos que j’aurais pu voir, j’ai été prise de vertige, et j’ai mieux compris le parisianocentrisme. J’ai opté pour Vincent Van Gogh (Pinacothèque) et Queneau, au musée des lettres et des manuscrits. J’ai penché mon nez sur un tapuscrit de Zazie dans le métro, et déchiffré avec émotion les 14 premières lettres du roman, tracées de la main de l’écrivain: le fameux « Doukipudonktan », néo-français quenellien pour dire « d’où qu’ils puent donc tant ». (voir photo ci-contre).
J’ai plongé dans les rêves de Japon de Van Gogh, et j’ai ri de sa folie et de son génie. Dans son esprit, la Provence était identique au Japon, c’était son pays du soleil levant. Une fois de plus j’ai pensé, en observant les cartes postales de ses œuvres dans la boutique du musée, à quoi bon photographier des tableaux- c’est comme filmer du théâtre, on en fausse les couleurs.
Sous mon parapluie, j’ai observé avec bonheur le Sacré-cœur fouetté par des gouttes grises, la Seine tranquille, la verdeur réfléchissante du Canal St Martin. Je me suis sentie à la maison entourée de toute cette eau: j’ai pensé à l’automne frisquet en Suisse, au lac de Neuchâtel dont l’horizon me manque à Montpellier, qui n’est pas au bord de la mer contrairement à ce qui est souvent cru.
Mais bon, on est n’est pas fou non plus, dès mon retour, j’ai poussé un soupir de soulagement en sautant sur le quai de Montpellier et en me débarrassant de mon pull en laine!
Voici les endroits qui m’ont beaucoup plu à Paris:
- Le quartier du Marais
- Autour du Canal Saint-Martin: pour l’eau, pour les bars et cafés alternatifs
- Rue Oberkampf, pour ses bars et boîtes de concerts
- Le Jardin des Plantes et celui du Luxembourg
Malgré leur côté touristique:
- Le quartier latin, et sa série de restaus bariolés
- Le quartier de la butte Montmartre
Musées:
- Le musée des lettres et manuscrits, sur le boulevard Saint-Germain. Une visite originale!
- L’expo Van Gogh: Rêves de Japon à la Pinacothèque (jusqu’en mars 2013)
Quelques conseils de routard
- Le plus économique pour une semaine à Paris, est d’acheter un abo de 7 jours et une carte Navigo, pour 25 euros. Il vous faudra une photo. Pour cinq jours, j’ai pris un pass Paris Visite, mais mon billet de métro riquiqui a pris la poudre d’escampette au zénith du 4ème jour, et j’ai été bien embêtée. En plus, c’est plus cher (environ 30 euros).
- Zen en TGV – Pour l’occasion, j’ai testé le billet de TGV dans un wagon IDZEN, pour les voyageurs qui veulent être au calme, sans bébés hurlants. C’est super: on peut bosser, lire, rêver, avec seulement le ronflement des autres voyageurs pour vous troubler. Après quelques voyages de 2h avec des nourrissons hurleurs aux piles inépuisables, j’avoue apprécier…
- Paris, c’est très au nord – Alors qu’on filait à Très Grande Vitesse™ vers Lutèce, les voyageurs frissonnaient. C’est comme si la SNCF avait poussé la clim à fond pour habituer ses passagers du sud à ce qui les attendait à l’arrivée. Résultat: après une journée à grelotter à Paris, j’ai dû acheter un pull en laine et des gants. J’avais oublié ce que c’était vraiment l’automne…
Très sympa ton post! :) J’adore voir Paris à travers les yeux des touristes. Cela me donne envie d’avoir ce même regard, et non le regard blasé de la Parisienne pressée…! Mais j’essaie de me soigner ;-)
Pour la clim du TGV, c’est amusant que tu en parles. C’est la même chose dans tous les TGV: il fait super froid, tout le monde s’en plaint mais pour une raison qui m’échappe cela reste ainsi…!
Laurène, Carnetdescapades.com
Jolie balade,ça me donne envie d’aller à Paris plus souvent (c’est à 2h de chez moi en TGV…)!
:) Merci pour vos commentaires, ravie que la balade vous ait plu… Laurène, comment peut-on être blasé d’une ville si immense? :P J’ai rencontré un ami qui y vit depuis 7 ans, il m’a dit qu’il découvrait chaque semaine des coins inconnus.
Koalisa: oh oui, profite ;) j’ai moi même honte de pas y être allée avant… mais l’occasion fait le larron!
En fait, je ne suis pas blasée parce que je connais tout, j’ai plein de coins à découvrir encore… Mais c’est la ville où j’ai grandi, et en tout j’y ai passé 20 ans…Donc j’ai bien conscience des inconvénients de la vie à Paris (durée et galère des transports notamment), et ceux-ci prennent souvent le pas sur le reste pour moi!
Heureusement, j’en profite en fait beaucoup plus maintenant que je n’y vis plus! J’y vais simplement pour des week-ends, ce qui est beaucoup plus agréable que d’y vivre de mon point de vue! :)
Laurène, Carnetdescapades.com