Aventures en Mauricie 1- Ours et parc national
La Mauricie, c’est une belle région du Québec où on croise des ours noirs et des orignaux (si on est chanceux!). Voici nos aventures dans la région, avec toutes les adresses nécessaires si vous voulez suivre nos pas.
Un billet écrit à 4 mains, où le « je » n’est pas toujours celui qu’on croit. Toutes les photos: © Yapaslefeuaulac.ch
Partir à la découverte de la nature québécoise nous démangeait depuis notre arrivée. Le moment est enfin venu en juillet! Nous avons prévu un séjour en Mauricie, une région située à seulement quelques heures de route de Montréal, ce qui lui vaut le surnom de « Belle d’à côté ». C’est pratique, parce qu’au Québec, les distances sont assez longues!
Verdict: en quatre jours entre campagne et forêt, nous avons été complètement dépaysés et charmés, autant par ses magnifiques paysages que par la convivialité des Québécois. On vous raconte les différentes étapes de notre voyage, en partageant nos bonnes adresses parce que: oui, il faut aller en Mauricie!
Au programme de ce billet: observation d’ours noirs et hiking au pays des lacs dans le parc de la Mauricie. La suite de nos aventures vous sera contée dans un deuxième billet (allez, un peu de teasing): on ira admirer plus haute cascade du Québec, on fera un détour par une réserve faunique perdue et on rencontrera une Amérindienne de la nation algonquine.
Voici déjà, pour vous donner une petite idée, la carte de notre petit périple dessinée par Hugo.
La minute géo: la région de la Mauricie doit son nom à la rivière Saint-Maurice qui prend sa source au réservoir Gouin et s’écoule jusqu’à Trois-Rivières où elle se jette dans le Saint-Laurent. (Je m’aperçois en relisant qu’on voit pas la rivière Saint-Maurice sur cette carte… bah tant pis, vous devrez me croire sur parole. Il y a une rivière par là, et elle s’appelle Saint-Maurice.)
En regardant une carte du coin plus détaillée, la quantité de lacs vous sauterait aux yeux! La Mauricie en compte quelques centaines, et si vous observez le reste du Québec, c’est pareil, il est constellé de taches bleues. Certains sont tout petits, d’autres immenses. Cela donne un paysage particulier, fait de forêts et d’eau. Lors de notre petit road-trip en Mauricie, nous avons même emprunté certaines routes où nous avions à notre droite, un lac, et à notre gauche…. un autre lac. Magique!
Étape 1 du road-trip en Mauricie: Trois-Rivières
Nous avons donc pris la route depuis Montréal, direction la ville de Trois-Rivières que nous avons brièvement visité. Son centre est mignon, même si ce n’est probablement pas une destination indispensable. Deuxième ville fondée au Québec après… Québec, Trois-Rivières a connu son heure de gloire au début du XXe siècle. Elle est en effet devenue dès les années 30 un haut lieu mondial de la fabrication de papier. La région a donc connu une grosse prospérité économique grâce à cette activité. Pourquoi ici, me direz-vous? Eh bien grâce à la drave! Mais qu’est-ce que la drave? Le moyen le moins bête qu’aient trouvé les gens à l’époque pour trimballer des tonnes et des tonnes de bois des grandes forêts d’épinettes noirs qui se trouvent plus loin au nord: ils balançaient tout ça dans les rivières et laissaient celles-ci faire le travail pour convoyer le bois jusqu’aux usines de Trois-Rivières.
Pour découvrir l’histoire de l’industrie du papier en Mauricie, il y a un musée très bien fait à visiter à Trois-Rivières, Boréalis. Il vaut le détour si le sujet vous intéresse! Vous saurez dans quelles dures conditions travaillaient les bûcherons québécois, et pourrez écouter (et tenter de comprendre) les témoignages d’anciens draveurs à l’accent québécois très marqué. Le tout teinté de nostalgie car la profession a disparu. La drave a en effet cessé en 1994 sur le Saint-Maurice, notamment car le procédé était jugé trop polluant. J’avoue que je suis resté perplexe vis à vis de cette explication en voyant la ronde incessante des camions transportant du bois qui ont pris le relai…
Étape 2: Observation d’ours noirs avec Éric Allard
Après l’étape par Trois-Rivières, nous avons choisi le village de Saint-Mathieu-du-Parc comme premier point de chute en Mauricie , parce qu’il se trouve près du parc national. Après avoir déposé les bagages dans notre auberge, nous avons filé car nous avions rendez-vous… avec les ours noirs.
De nombreux guides proposent d’emmener les touristes pour observer ces animaux, à l’instar du sympathique Éric Allard, basé à Saint-Jean-des-Piles. Le voici en pleine explication.
Après sa rencontre avec un ours noir alors qu’elle faisait tranquillement du camping à Yosemite (Californie – USA), Kantu avait très peur de s’approcher de ces magnifiques bestiaux. Pour rien, parce que ce guide sait très bien ce qu’il fait: c’est un spécialiste de l’interprétation et de l’observation de l’ours en Mauricie (qui est aussi versé dans l’orignal, mais c’est une autre histoire).
Peu avant le crépuscule, il emmène les curieux dans une cache en forêt, à 5 minutes de son auberge (oui, il loue aussi des chambres d’hôte). Par mesure de sécurité, la première partie du chemin qui y mène est parsemé de graviers, pour indiquer aux éventuels ours qui rôderaient qu’un humain arrive. Ensuite, il y a une zone où il faut retenir son souffle, avant de s’engouffrer dans la cabane! Pour attirer les ours devant les fenêtres, dans une zone d’observation qu’il nomme « La vallée des ours », Eric Allard cache de la nourriture dans les arbres. Nous avons ainsi pu admirer longuement deux ours noirs qui se régalaient avec nonchalance… ainsi qu’un raton-laveur qui s’est incrusté dans le tableau. Pendant le temps passé dans la cache, Éric Allard nous a chuchoté un tas d’informations passionnantes sur cet animal- puisque lui-même participe à des recherches sur son comportement, il est bien placé.
En route pour la cabane d’observation! Le paysage semble énigmatique au crépuscule, avec le léger brouillard… Les courants de vents du soir permettent de masquer notre odeur d’humain sur le chemin.
En bas à gauche, la cache en forêt munie de moustiquaires et de trous pour l’observation. En bas à droite, l’auberge qui sert de point de départ.
Dans la cabane, nous avons longuement observé deux ours noirs, en toute sécurité. C’était impressionnant! Difficile par contre de prendre une bonne photo d’eux au crépuscule, dans la forêt, même si nos spécimens ne se trouvaient qu’à une dizaine de mètres de nous. Mais je vous montre cette image comme preuve du succès de la sortie!
Le point ours du professeur Hugo: Cette grosse bestiole qui attrape de la bouffe en haut de la branche, c’est bien un ours – noir pour être plus exact. Pas de grizzlis au Québec, et pas d’ours blancs aussi au sud (il faut aller jusqu’à la banquise pour en trouver). Toutefois, même s’il s’agit d’un « petit ours », les deux mâles qu’on a pu observer tournaient autour de 110-120 kg d’après le guide. C’est pas forcément rassurant, surtout quand ce dernier t’explique comment te comporter en cas de rencontre impromptue avec un ours au détour d’un chemin. Notamment quand il te dit qu’en dernier recours, si l’ours mâle charge, il faut attraper tout ce qui te tombe sous la main et le taper sur le museau (car si tu fais le mort, t’es mort). Bon, en réalité, dans notre petite cabane d’observation, on avait plus à craindre des moustiques, une véritable plaie dans ces forêts jonchées de lacs et de petits cours d’eau. À ce sujet, petite parenthèse linguistique : si un Québécois vous dit que des maringouins l’ont piqué toute la nuit, il parle bien entendu des moustiques. Le mot est assez exotique pour nous, mais il paraît qu’il vient à la base de Normandie.
Seul bémol de la sortie: nous étions passablement nombreux ce soir-là (un lundi). Avec un petit groupe, l’expérience doit s’avérer plus agréable, car plus intimiste. Pour info, le prix est de 25 $ canadiens par adulte, et il y a des prix pour les familles. La sortie dure en tout un peu plus d’une heure. Voici le site d’Eric Allard si vous souhaitez partir avec lui voir les ours noirs. Normalement, cela a lieu tous les soirs durant l’été, et il faut réserver sa place.
Après ces émotions, nous sommes rentrés à Saint-Mathieu-du-Parc sans croiser d’ours ou d’orignal sur la route. Mais il paraît que ça peut arriver. Et qu’un orignal ébloui par des phares peut foncer dans une voiture et tuer ses occupants par inadvertance. Alors si un de ces majestueux cervidés apparaît, vaut ptêt mieux éteindre les phares que l’observer béatement… J’dis ça… j’dis rien.
Où dormir autour du parc de la Mauricie?
Un bon plan hébergement, pour ceux qui ne veulent pas faire de camping: nous avions loué une chambre d’hôte dans une auberge très sympa au milieu du village de Saint-Mathieu-du-Parc, ou plutôt un « gîte » comme ils disent ici. Nous avons été accueillis par Suzanne et Mélody, une mère et sa fille qui ont pris le temps de discuter avec nous, et de nous donner plein de conseils sur les choses à voir dans le parc. Dans ce gîte tout boisé, qui ressemble de l’intérieur à une maison de poupée, les chambres étaient cosy et toutes mignonnes… Attention au moment de trouver le lieu (on s’est perdus…), car la même famille tient 3 gîtes, chacun situé à un autre bout de la localité. Ils louent aussi un très mignon chalet au bord d’un lac, qui semble comme l’endroit idéal où passer un week-end… mais en fait, en se rendant compte du nombre de moustiques sur place, on change d’avis et on est content de se tenir éloigné des points d’eau! À vous de voir! Le site de cette adresse.
Étape 3: Le magnifique Parc de la Mauricie
Le parc national de la Mauricie est un enchantement, aux yeux de deux petits touristes qui découvrent tout juste le Québec. Ses paysages de forêts et de lacs sont à couper le souffle!
Le parc national est traversé par une unique route (praticable et goudronnée): à l’entrée, on se procure une carte qui détaille les activités de chaque site et points d’intérêt. Il est possible de louer des canots, il y a des lieux dédiés à la baignade, des zones familiales et des chemins de difficultés variées pour les fans de randonnée.
Faites absolument halte au point de vue sur l’Île aux Pins: vous y verrez le panorama ci-dessous, aussi en photo tout en haut de l’article. Un des lieux les plus réputés sont sinon les Chutes Waber. Or comme nous avions déjà deux autres chemins au fil de l’eau prévu pendant notre séjour, on a préféré se perdre dans les collines d’épinettes autour du Lac Solitaire.
Photo – En bas: deux vues prises sur le chemin de randonnée #13
Hiking: Randonnée autour du Lac Solitaire
Nous avons opté pour un joli chemin de randonnée de 5,5 km, de difficulté intermédiaire. Il nous a mené sur un belvédère surplombant le lac Solitaire, après une première ascension. La suite est une boucle qui ressemblait à des montagnes russes autour du lac. Pfiou! Si vous voulez retrouver ce chemin de hiking, c’est le numéro 13 de la carte officielle (voir ici des idées de rando). Il faut compter environ 3 heures, du souffle, de bonnes chaussures et un anti-maringouin efficace! (Ces bibittes sont nombreuses au bord des lacs et dans les forêts de Mauricie, une vraie plaie selon les secteurs.)
Le départ du chemin de randonnée se situe à l’arrière du pavillon de services de la Rivière-à-la-Pêche. L’avantage, c’est que cette boucle est reliée à deux autres chemins, de 8 et 13 kilomètres (#14 et #15), donc le parcours est adaptable à tous les niveaux – à toutes les envies!
Nous avons goûté cette délicieuse sensation d’être coupée du monde, car nous n’avons croisé personne sur notre sentier qui grimpait fort d’une colline à l’autre. L’avantage, c’est qu’on profite de jolies vues sur différents petits lacs. Certains tronçons sont plus épiques que d’autres, comme cette partie que vous pouvez voir ci-dessous, où le chemin est constitué de rondins de bois dans l’eau. Non, y’a pas d’autre passage!
Photo prise lors de la randonnée sur le chemin #13, autour du Lac Solitaire (qui a pourtant plein d’amis lacs autour de lui)
Voilà, on touche à la fin de ce premier chapitre de nos aventures en Mauricie, on espère que cela vous inspirera!
Côté faune, par contre, c’est un peu la déception, à part les ours. Nous n’avons pas croisé de cougar, ni loup, ni coyote ni d’orignal, mais… de magnifiques geais bleus, un serpent non-identifié (Kantu a failli marcher dessus, c’est sa spécialité), un joli petit lièvre d’Amérique (qu’on a pris pour un lapin domestique s’étant échappé) et un tamia rayé, ou un « suisse » (!!) comme ils appellent ici ce cousin de Tic et Tac! C’est tout.
Espérons qu’on sera plus chanceux la prochaine fois! Car oui, en quittant le parc de la Mauricie, on n’a eu un regret: ne pas avoir prévu plus de temps sur place, tant les possibilités de balades sont grandes autour de ses 150 lacs! Son territoire mesure tout de même 576 km2! Donc on espère pouvoir y retourner une fois pendant notre délocalisation au Québec.
Il faudra, car nous n’avons pas encore testé une spécialité insolite : le canot-camping. Le principe est le suivant : tu loues un canot, et tu fais le tour des lacs ou rivières avec. Certaines berges sont aménagées pour que tu puisses y planter une tente et faire un feu. Il existe même des chemins de portage, pour que tu puisses trimbaler ton canot d’un lac à l’autre. C’est une façon un peu particulière de visiter les parcs, mais elle a l’avantage de te faire aller dans des endroits inaccessibles autrement. Notre copine MC, qui habite ici à Montréal, a ainsi vu un ours noir nager de place de camping en place de camping, et le reste du bestiaire fait rêver… Peut-être qu’à défaut de camping, on louera au moins un canot un après-midi!
Et vous, avez-vous déjà visité la Mauricie? Avez-vous des coins préférés dans ce magnifique parc?
À très vite pour la suite de nos aventures, qui nous mèneront dans la réserve de Mastigouche et chez une Algonquine!
Kantu & Hugo
Carnet d’adresses:
Ohhh excellent on a fait le même parcours, on est allée dans la même auberge (et la même chambre) !!!
Tu peux voir mes photos ici :
http://pausezvous.wordpress.com/2014/06/06/parc-national-de-la-mauricie/
http://pausezvous.wordpress.com/2014/07/25/mes-bonnes-adresses-en-mauricie/
Haha, c’est une adresse courue alors! Tes photos du petit-déj font très envie. J’ai pas pensé à en prendre des images avant de le dévorer ;)
Son cake aux noix était super bon
Ce voyage en Mauricie fait rêver! J’aurais aussi voulu voir les
ours et les autres petits animaux. Pas les maringuoins, bien sûr!
Bravo pour cette promenade que nous avons fait avec vous.
Très intéressant!
Merci
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