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Livre d’expat: Le choc culturel d’une Japonaise à Paris

Dans un petit livre amusant, Eriko Nakamura raconte ses déboires de Japonaise dans la capitale française. Tiens, tiens, nous avons quelques déconvenues en commun!

Les Parisiens ont mauvaise réputation, même en France! Je l’ai appris en vivant dans l’Hexagone, où on leur reproche d’être hautains. N’ayant pas eu la chance de les côtoyer en vrai, j’ai découvert leur côté « cavalier » à travers les yeux d’une Japonaise.

Mariée à un Français, Eriko Nakamura vit depuis dix ans dans la Ville Lumière, ce qui lui vaut des remarques envieuses de ses amies au Japon. Oui, les Français sont réputés de grands romantiques, et Paris la ville du luxe et du raffinement. Une image qui se brise pour biens des expatriés ou touristes nippons une fois sur place, victimes d’un choc appelé « le syndrome de Paris ». Les symptômes? Hallucinations, sentiment de persécution et accès de folie. Certains doivent même être rapatriés d’urgence! Imaginez: ils pensaient débarquer dans « Amélie Poulain », et se font rembarrer par un garçon de café.

Eriko, qui a surmonté son choc culturel, en livre un délicieux récit dans « Nââândé!? – Les tribulations d’une Japonaise à Paris » (Pocket). J’ai relevé ces points, dont certains coïncident étrangement avec mes propres surprises culturelles en France…

La ponctualité

Au Japon, comme en Suisse, les gens sont ponctuels. Alors lorsqu’elle est invitée chez des amis, Eriko insiste pour arriver pile à l’heure dite. Leurs hôtes ne sont évidemment pas prêts! Et les accueillent avec un « Arriver pile à l’heure! Qu’est-ce que vous êtes malpolis! » qui perturbe notre Japonaise.

Son mari Charles-san doit lui expliquer que dans la capitale, la politesse implique d’arriver au minimum 15 minutes après l’heure de rendez-vous pour un dîner. « Mais alors, pourquoi ne pas donner rendez-vous 15 minutes plus tard? » se demande-t-elle incrédule. Malgré 10 ans à Paris, elle ne s’habitue toujours pas à devoir poireauter 35 minutes après l’heure prévue pour un rendez-vous pro…

La conduite des Français

Pour parquer à la parisienne, on dit qu’il faut heurter le pare-choc de la voiture de devant et de derrière en faisant un créneau. Eriko a vu pire: sa smart disparaît de temps en temps car des chauffards la poussent pour lui voler sa place, et elle se fait ramasser par la police. Dans le chapitre du livre sur la voiture, l’auteure édicte 5 règles pour conduire à la française. Hilarant et… tellement vrai (et dangereux, bien sûr!) En prime, il faut bien sûr passer ses nerfs en gueulant sur les autres usagers de la route.

Le service exécrable (surtout envers les touristes)

Naaande Japonaise à Paris
« Nââânde » est un mot qui exprime la surprise… comme vous l’aurez compris. Ici en livre de poche.

Imaginez qu’Eriko vient du Japon, pays où le service se veut particulièrement soigné. Le problème, c’est que le fantasme des Japonais pour Paris leur fait croire qu’ils vont trouver sur place un pays encore plus raffiné que le leur, peuplé de gens charmants au doux sourire benêt d’Amélie Poulain (si, si, moi aussi je l’adore). La rencontre avec les serveurs des cafés parisiens, cavaliers, impatients et qui montrent les dents (mais pas pour sourire) les choque!

Les anecdotes d’Eriko font de la peine: elle tombe sur des chauffeurs de taxi malhonnêtes, qui la baladent dans tous les embouteillages la prenant certainement pour une touriste à cause de ses yeux bridés, des garçons de café méchants, et des vendeuses en boutique qui n’en ont rien à fiche et l’envoient promener! Mais bon, elle adore quand même Paris et s’adapte, tout en essayant de ne pas marcher dans les crottes de chien. Elle est bien brave…

La saleté

Parce que les rues de Paris doivent lui paraître bien crades – etsi vous êtes allés à Tokyo, vous comprenez le choc en comparaison! Elle regrette qu’en vivant dans la plus belle ville du monde, les habitants ne prennent pas la peine de ramasser les déjections de leurs chiens, qu’ils se permettent de jeter les papiers gras parterre et même par la fenêtre des voitures.

Certains de ses compatriotes ont même lancé une association pour nettoyer Paris. Si vous avez envie d’aider les Green birds à nettoyer les alentours de la tour Eiffel ou le parvis de Notre-Dame, voici leur page.

Comment dire… Malgré nos cultures très éloignées, en tant que Suissesse, j’ai aussi été surprise par ce même point (les papiers jetés par les fenêtres des voitures m’éneeervent). Ainsi que par:

-> Le manque de ponctualité des Français

-> Leur conduite extraordinaire au volant

Mais on s’y fait! Et les serveurs et vendeurs sont par contre très aimables dans le Sud ;)

Japon(i)aiseries

Après, Eriko Nakamura se heurte aussi à des différences culturelles propres à son pays: très pudique, elle se déshabille honteusement chez le médecin, ne supporte pas qu’on se mouche devant elle (c’est malpoli au Japon) et a fait installer des toilettes supersoniques typiques de l’archipel dans sa maison.

Dans son récit, elle met le doigt sur les mauvais côtés de Paris avec humour, et explique et critique la culture et société japonaise (certains points font plus peur que la mauvaise tête des parisiens, voir le chapitre couple ou celui sur les collectionneurs de culottes et vous comprendrez).

Le métro sauve Paris!

Elle cite bien sûr aussi des points positifs de Paris- enfin, en tout cas un (qui plairait à Zazie): son métro! Elle trouve que les gens y sont aimables, aidant les mamans à soulever les poussettes et cédant leurs places aux personnes âgées – chose plus rare à Tokyo dit-elle. En plus: aucune pervers ne vient la ploter pendant le trajet. Le métro parisien, c’est le paradis!

J’ai dévoré ce petit livre en quelques heures, ravie d’en apprendre plus à la fois sur Paris et par ricochet sur la culture japonaise. Bon, les Parisiens en prennent plein la gueule, mais ils l’ont mérité! Ben oui, vous diriez la même chose si vous aviez lu les tribulations d’Eriko Nakamura. La pauvre…

Vous pouvez trouver ce petit livre pour 6 € sur Amazon

Depuis, je n’ai plus aucune envie de m’installer à Paris. Même si ce n’était pas prévu! Par contre, j’aime bien y jouer les touristes, voir ici sur le blog ;)

Voir d’autres livres d’expat sur le blog

kantutita

Signes particuliers: toujours une tasse de thé et un livre à la main! Suissesse expatriée en Alsace, après plusieurs escales en France et une parenthèse montréalaise, je blogue depuis plus de dix ans! Et je cultive un faible pour la papeterie, le chocolat et le Japon...

17 réflexions sur “Livre d’expat: Le choc culturel d’une Japonaise à Paris

  • Ex-parisienne, pour le métro parisien, j’ai un autre avis moins idyllique :) ! J’ai préféré celui de Tokyo !

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      • Pour avoir vécu les deux aux heures de pointes… au moins dans le métro de Tokyo ma tête dépasse un peu ;)

        Vais essayer de trouver ce livre, tient ^^

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  • Sympa !

    J’ai aussi testé les deux métros, et même si celui de Tokyo est plus souvent bondé que l’autre, je trouve tout de même que les gens y sont plus polis… dans certains trains il y a même des sièges réservés pour les femmes enceintes, les personnes âgées et les handicapés/blessés.

    Je comprends le désarroi de cette pauvre Eriko. Il est vrai qu’au Japon tout le monde est aimable, souriant, et fait absolument tout pour aider. Par contre le truc chiant c’est qu’il n’y a aucune poubelle dans la rue !!! Et manger en public (dans la rue etc.) est très mal vu, donc tu as l’air malin avec ton sandwich (ou plutôt ton bento ou ton onigiri), le papier te restant dans les mains jusqu’à ce que tu trouves une personne aimable qui t’en débarrasse ou que tu arrives à ton hôtel… :o)

    A un moment on a été perdus dans une gare (à Kyoto je crois) et on a demandé à des jeunes. Ils ont passé 15 minutes à chercher avec nous, à poser des questions à gauche et à droite pour qu’on trouve le magasin qu’on cherchait, et pour finir ils nous y ont accompagnés avant de repartir vivre leur vie ! :D Je ne pense pas qu’à Paris (ou même ici en Suisse) on ait beaucoup de telles situations, malheureusement… :-)

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    • Coucou Valérie! Merci pour ces anecdotes japonaises. C’est vrai que le contraste semble énorme… Allez, faisons un effort pour nous aussi aider les touristes à retrouver le bon chemin (mais seulement s’ils sont sympas, héhé) :)

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  • Salut Kantu !

    Tout d’abord, je te félicite pour ce blog, que je suis depuis quelques temps et que je trouve très intéressant dans la démarche de confronter les différences culturelles entre la France et la Suisse.
    Je me sens également concerné directement car je suis en couple avec une Genevoise.

    Par contre, je suis surpris par tant de rejet de Paris. Etant moi-même parisien depuis quelques années, j’ai pu me rendre compte qu’en faisant la démarche d’aller au delà des préjugés, il s’agit d’une ville remplie de charme avec des habitants, pour la plupart, ni pire, ni mieux qu’ailleurs, juste à même de partager également leur culture parisienne. La plupart des points négatifs se retrouvent dans d’autres villes françaises, et même à l’étranger !
    J’ai étudié un peu le sujet et ai quelques pistes pour expliquer ce rejet, mais en tout cas, même si tu ne veux pas t’y installer, je me propose avec plaisir pour te la faire découvrir de manière subversive !

    A plus sur d’autres articles et merci encore pour ton blog qui est un réel plaisir !

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    • Bonjour Michal, merci pour ton mot!

      Oh, ne t’en fais pas, j’ai visité Paris et j’en garde un superbe souvenir (voir billet, Paris sous la pluie). Que de beautés et de richesses culturelles dans cette ville! Et des gens sympas aussi.

      Navrée si je t’ai laissé penser que je « rejettais » la ville. Quand je disais que c’était bien fait que les Parisiens en prennent plein la gueule, c’est en référence aux mésaventures de notre pauvre japonaise, qui se fait envoyer chier tant de fois! Je ne pense pas du tout que tous les Parisiens sont des méchants bougres, hihi – j’imagine que c’est comme partout, ce sont ceux qui s’occupent des touristes qui sont en vitrine… et peuvent donner une mauvaise image (comme tu dis – pareil dans bien d’autres endroits). En plus, bien sûr, les Japonais sont culturellement très éloignés de nous, ils sont très « maniaques » sur un tas de choses qui nous dépassent – mais c’est ça qui est amusant dans ce choc de culture.

      Oh oui, une découverte de Paris par un insider, cela doit être bien différent! :) Ce serait super.

      Et alors, tes pistes pour expliquer le rejet de Paris?

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  • Bonjour Kantu,

    Tout d’abord, merci pour ta réponse !

    A mon avis, en fait, la perception du Parisien dans le monde francophone (surtout Suisse romande et Belgique wallonne) correspond à la perception du français dans le monde entier. Donc l’animosité que je tente d’expliquer pour Paris peut s’expliquer aussi avec celui concernant la France hors monde francophone.
    Plusieurs explications à cela, et je pense qu’on est tous loin d’en avoir fait le tour, mais je peux en proposer trois malgré tout, qui sont de toute façon reliée:
    – voir cette vidéo pour une piste historique et sociologique, intéressante
    – j’avais vu une étude, que je ne retrouve pas, disant que le premier critère était l’argent dépensé et dans lequel les français sont plutôt en mauvaise position (un cliché généralement vrai, finalement !!). Par contre, elle disait également qu’avec d’autres critères (intérêt à la culture locale, propreté (si si ! ) etc.), les français étaient très bien placés. Le critère intéressant est donc ceci : la radinerie fait halo sur le reste
    – et j’ai cru voir qu’il y a un certain snobisme d’une certaine catégorie de français qui contribue à cela en cassant eux-mêmes leur pays. Cela est assez rare lors de séjours internationaux de voir des personnes casser avec autant de zèle leur pays autres que des français (surtout dans les élites urbaines, et jeunes) et du coup, par cercle vicieux, chaque partie valide et renforce mutuellement ses clichés

    Il y a aussi ceux qui arrivent avec une image idéalisée et qui sont donc déçus logiquement par un monde moins onirique, et ceux au contraire, qui arrivent braqués et viennent confirmer leurs préjugés en ne retenant que les arguments les validant ! On voit beaucoup cette attitude à Paris par exemple ! Avec une attitude différente, on peut facilement tomber dans la plupart des cas sur des Parisiens très avenants, passionnants…comme on peut se faire rembarrer (mais ça, honnêtement, ça arrive un peu partout en France ! )

    Tout ça pour dire, qu’en général, chacun trouvera telle région d’un pays ou tel pays dans le monde plus ou moins sympathique, mais dans chaque endroit, il y a une belle proportion de gens sympathique. Tout dépend de la grille de lecture ! Je pense par exemple que le français est en général réellement plutôt râleur, mais dans la pratique ce n’est pas bien méchant, et ça peut très bien « se gérer » (je l’ai testé dans le milieu professionnel où j’ai pu être confronté à de la clientèle très « internationale »). Dans d’autres cultures, on se tait et on va plus directement au procès par exemple ! Au contraire, si on observe bien dans le monde (de manière générale encore, pas au détail), on peut aussi voir que les anglophones ne font pas vraiment d’efforts non plus pour s’intégrer à une autre culture.

    Pour finir, en règle générale, je trouve plutôt drôle et très sain de se moquer des clichés et des stéréotypes, car cela permet d’affirmer quelque part son identité tout en reconnaissant l’autre, et cela peut devenir très affectueux (surtout quand on a la chance de partager une langue !)…tant que cela n’est pas à sens unique et a pour but de s’acharner avec un point de vue biaisé !

    D’ailleurs, j’apprécie beaucoup ton blog pour ça, car on sent une vraie affection dans ta démarche « franco-suisse » pour les français (du coup, je me permets d’inclure les parisiens ! :-D), la langue française et ses nuances selon les régions, et pour ton pays, la Suisse !
    C’est une démarche qui m’intéresse également de mon côté, et je tenterai d’apporter, si tu le veux, à ton blog, du coup :)

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  • Salut!
    J’ai acheté le livre et je l’ai lu…

    Verdict: je suis déçu, il est beaucoup trop court!!!!!! :D
    Il a duré un peu moins que le trajet Lyon-Genève, et au final, je n’ai qu’une envie, c’est d’en savoir plus! Il est tellement drôle et déroutant qu’on ne peut s’arrêter!

    Bref, merci pour cette recommendation!!!

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    • Super JP, je suis ravie que mon conseil de lecture t’ait plu. Lu en quelques heures sur mon transat aussi. Et j’aimerais en savoir plus, comme toi!

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  • J’ai aussi lu le livre … j’attends avec impatience de découvrir le Japon ^^ on pourrait au retour écrire « les tribulations des touristes français au Japon »:) je suis sure que l’on aura pleins d’anecdotes à raconter !!

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