A goûterCulture & traditionsExpat en FranceSpécialités françaises

C’est l’heure de l’apéro!

apero

Petite encyclopédie de l’apéro au Sud de la France, du fameux Ricard au Gambetta, sans oublier des montagnes d’olives et des mini poissons frits que les autochtones croquent en entier comme des cacahuètes.

Apéro: les boissons

Et vous, vous buvez quoi pour l’apéro? Avec l’indétrônable pastis ou le verre de rosé, je vous propose un petit tour de table au Sud de la France… Au programme, la guerre du pastis, le Gambetta ou le vin des sables.

La guerre du pastis, entre le 51 et le Ricard

Certains Français du Sud prennent leur Ricard très au sérieux.
Certains Français du Sud prennent leur Ricard très au sérieux.

L’année dernière, à la même saison, je vous parlais des différentes façons d’aromatiser son pastis avec du sirop pour le transformer en coloré perroquet, en tomate ou en mauresque.

Nous nous intéresserons aujourd’hui à une autre subtilité: la guéguerre entre le Ricard et le 51. Car sachez que les Français du Sud ont souvent leur favori, qu’ils demandent espressément dans les bars ou cafés qui ont la licence nécessaire pour vendre un petit jaune.

Dans ma tribu, on est Ricard. Ne me demandez pas pourquoi, j’ai été élevée comme ça depuis mon expatriation. Le goût diffère vraiment, jurent les aficionados, « car il n’y a pas la même proportion de réglisse et d’anis ».

Le pastis 51, concurrente de la boisson inventée par Paul Ricard, appartient de toutes façons au même groupe aujourd’hui, Pernod-Ricard.

Sinon, il y a aussi le Pacific ou le Cristal, boissons sans alcool à l’anis, pour les fans de pastis enceintes par exemple (la personne qui a abandonné sa bouteille chez moi devrait se reconnaître  dans ce clin d’oeil ;)

Phénomène amusant: comme il y a des collectionneurs d’objets Coca-Cola, il y a des fans de carafes, affiches, plateaux verres ou thermomètres Ricard  (photo ci-contre). Des fans clubs existent ailleurs dans la francophonie, comme ici des collectionneurs en Belgique.

 

G comme Gambetta

Gambetta

Sirop au goût particulier, le gambetta est une boisson produite dans le Sud, en Provence. Il suffit de le diluer dans l’eau comme n’importe quel sirop, ou de l’ajouter à sa bière – pour la transformer en un picon bière mais sans alcool!

Le gambetta a une recette mystérieuse, et est obtenu après macération de plantes et de fruits, avec une adjonction de caramel notamment. Oui, les producteurs du Sud aiment beaucoup les recettes secrètes…

Je note au passage la découverte d’un mot: le Pulco. « Tu veux un Pulco? » cela veut dire, « Tu veux un sirop au citron*? » Et non pas, tu veux une petite laine-(co?), comme j’aurais pu le croire si on ne m’avait pas tendu une bouteille en même temps (car les Français prononcent pull-co, et non poule-co comme moi.) À vous de me dire si cette boisson qui fait l’apologie de la paresse est typique du Sud… ou de tout l’Hexagone.

*Un lecteur me corrige: « il s’agit de concentré de citron, et non de sirop. » Oh, pardon.

vinpicstloupLes vins de l’Hérault

Autour de Montpellier, il y a un réel engouement pour le vin, avec des événements comme les fameuses Estivales qui attirent les adeptes de dégustation et de convivialité sur l’Esplanade (celle qui prolonge la Place de la Comédie) – ou les Hivernales, leur pendant quand il fait froid. Donc, il y a aussi beaucoup de viticulteurs.

À retenir, les AOC Faugères ou Pic Saint-Loup – oui comme la montagne que j’ai escaladé ici. Ou pour leur particularité, les vins de Listel, dont les ceps poussent les pieds dans le sable en Petite-Camargue. D’où leur nom de vin des sables! Une immense bouteille décore d’ailleurs un rond-poing près de la cité d’Aigues-Mortes.

 

Amuse-gueules

Les basiques: saucissons, pâtés et olives

Les Français sont les rois de la charcuterie, comme vous le savez sûrement. Un apéro sans saucisson, présenté sur sa planche à découper, n’est pas d’ailleurs un véritable apéro – c’est comme si vous oubliiez les olives! Aaaah, j’en ai mangé, des olives, depuis mon arrivée dans le Sud. J’ai même participé à la récolte d’un arbre récalcitrant. Enfin bref: je ne suis pas fan, alors que les gens ici peuvent manger leur poids en olives en un été. Non, ce n’est pas basé sur des statistiques sérieuses, j’extrapole.

Les rolls-royce des olives, si j’ose m’exprimer ainsi, sont la Lucques ou la Picholine, d’après le goût certain d’une grande adepte de ces délices ovoïdes, j’ai nommé Muriel. Ces variétés poussent dans le coin et se trouvent dans les marchés par exemple. Après, outre les olives de table, il y a bien sûr aussi la fameuse tapenade, cette tartinade aux olives typique.

Les fèves

feves

J’ai aussi découvert d’étranges légumes que je n’avais jamais vus: les fèves. Une fois décossées et cuites, elles deviennent des amuse-gueules d’apéro comme les autres. Mon verdict: mouais, ça se laisse manger.

feves

…or, quand j’en ai reçu dans mon panier de légumes bio, j’étais un peu déconfite, ne sachant rien sur la manière de  cuisiner ces haricots gigantesques. Heureusement, mon Français du Sud avait une recette familiale, consistant à les faire revenir dans une poêle avec de la sauce tomate, du piment et des épices.

Côté mer

Je vous rappelle que si Montpellier n’est pas une ville en bord de mer, on ne se trouve qu’à un quart d’heure de voiture des plages. Du coup, les fruits de la pêche réussissent à se hisser sur les tables d’apéro, des gastéropodes aux conchylicollations.

bulots

Les bulots

Je vous ai déjà parlé des escargots de mer d’apéro, mangés avec une sauce. Ce sont les bulots  (à retrouver dans le billet « Escargots, bulots, toros »). À l’époque, je n’osais pas les goûter, mais j’ai remédié à mon manque de courage. Ils ne m’ont toutefois pas fait grande impression: j’ai été presque déçue de découvrir qu’ils n’étaient pas plus gluants que des escargots de terre, mais ils ne sont pas non plus spécialement goûtus.

Mini poissons frits, les *joles*

joles

Ceux-là, les Français du Sud les croquent comme des cacahuètes entiers, alors que je ne peux détacher mon regard de leurs dizaines d’yeux qui me fixent depuis leur bol. Ce sont des poissons mange-tout.

Après en avoir goûté un (décapité au préalable parce que je suis une chochotte), je peux vous le dire: en fait ils sont très bons, et on ne sent pas du tout craquer les os!

Ce sont des « joles » de quelques centimètres (cf l’échelle du citron), mais impossibles de trouver leur orthographe précise. (S’il y des spécialistes en poissons parmi vous, aiguillez-moi! Écrit-on joles, geoles, jols?)

Du tarama pour l'apéroLe tarama

Cette espèce de sauce à tartiner rose se trouve partout: il s’agit d’œufs de poissons en bouillie, de mulet même, si j’ai bien compris. Tout à fait méditerranéen! La préparation industrielle est ok, mais devient carrément délicieuse si on l’améliore avec un peu de crème et de citron. Merci Muriel pour l’astuce (c’est l’experte de l’apéro, eh ouais)!

Le must, c’est de les manger sur des blinis.

Après, si vous êtes à un apéro high-style, vous aurez peut-être droit à quelques huîtres de Bouzigues cultivées dans le coin, à côté de Sète, ou à d’autres coquillages dont j’ai oublié le nom!

Ce qui est amusant, c’est que pour les Français du Sud, l’apéro a plusieurs fonctions. Il peut s’agir d’un préambule à un repas, sens du mot que j’utilisais aussi en Suisse, mais il peut tout bêtement remplacer le dîner/souper et être abondant! Et le plus important: l’apéro ne connaît pas d’heure. On peut très bien vous inviter pour un apéro à 21h… Alors qu’à cette heure-ci tous les Suisses ont déjà fini de souper ;) Mais bon, on s’habitue aux horaires décalés des repas du Sud, avec le temps!

Alors, prêts à préparer un apéro comme dans le Sud?

kantutita

Signes particuliers: toujours une tasse de thé et un livre à la main! Suissesse expatriée en Alsace, après plusieurs escales en France et une parenthèse montréalaise, je blogue depuis plus de dix ans! Et je cultive un faible pour la papeterie, le chocolat et le Japon...

15 réflexions sur “C’est l’heure de l’apéro!

  • Bonjour, j’aime bien votre blog, en tant que genevois je suis un peu suisse et un (petit) peu français (d’autant plus que je suis binational) , et je me retrouve assez souvent dans vos mots d’humeur.
    Enfin, juste pour dire que le Pulco est (était ?) à la base une marque de concentré de citron (peut-être un peu plus sucré que du jus « maison ») à diluer dans de l’eau. Et non du sirop à proprement parlé.

    Voilà, j’attends votre prochain article avec impatience.

    Nicolas

    Répondre
    • Bonjour Nicolas, bienvenue sur le blog! Ravie d’avoir un nouveau lecteur binational, n’hésitez pas à laisser des mots avec vos expériences, si un sujet vous inspire.
      Ah, un puriste du Pulco! Merci pour votre commentaire, j’ai signalé dans l’article que c’était donc du « concentré de citron »… (mais quelle différence avec du sirop, au juste?)

      Répondre
  • Ah l’apéro! En voilà un mot que j’aime! Même si en tant que gars-pas-du-Sud (enfin ça dépend par rapport à qui) je ne suis pas vraiment les mêmes règles. Déjà je n’aime pas le Ricard/51 ou autres apéritifs anisés, comme je n’aime pas non plus les olives… Mais ça n’empêche pas de se faire plaisir! Il est vrai que l’apéro sert surtout mettre en bouche avant un repas, mais on y prend plaisir à toute heure! Je ne sais pas si tu as vu le film « Camping », avec sa phrase désormais culte: « On prend l’apéro? » juste un peu cliché, ou encore les (nombreuses!) variations autour du thème « Pastis par temps bleu, Pastis délicieux! »
    Bref, tout ça pour dire qu’on peut y mettre un peut tout ce qu’on veut, tant que la convivialité est là! (enfin c’est mon avis personnel, je ne voudrais pas me facher avec des connaisseurs comme Muriel ;) ) Des simples chips aux petits fours savemment mijotés, on peut tout y mettre!
    Et pour l’apéro qui remplace un repas, je ne sais pas si cette expression existe en Suisse, mais depuis quelques années on a vu apparaitre cette expression un peu pompeuse (qui irait très bien avec les formules de politesse à ralonge françaises), l' »apéritif dinatoire »!
    Punaise, d’en avoir parlé comme ça m’a donné envie de prendre l’apéro! Le problème c’est que dans le Rheintal, c’est pas vraiment répendu… et que ce soir il n’y a personne pour le prendre avec moi! Conclusion: il faut que j’aille faire les courses et que j’invite quelques amis ^^

    Répondre
    • Eh bien, ta passion pour l’apéro se laisse deviner derrière ce commentaire! Santé! …heu, pardon, Tchin!
      Oui, on dit aussi « apéritif dînatoire » en Suisse, mais c’est vrai que cela ressemble bien à une formule à rallonge dont les Français ont le secret ;) hahaha.

      Répondre
  • Bon, le sirop, est plein de sucre…
    Bi-national, genevois de naissance, mais neuchâtelois d’origine.
    Mais, genevois, quand même. :-)

    Répondre
  • « L’apéro peut tout bêtement remplacer le dîner/souper et être abondant!  »

    Cette manière de faire a son pendant en Suisse alémanique. On parle alors d' »apéro riche » – en bon dialecte dans le texte; bien qu’à consonance francophone, ce terme ne doit pas être connu des Français.

    Répondre
    • Excellent! Je n’ai en effet jamais entendu parler « d’apéro riche » dans le Sud ;)
      C’est chouette d’en apprendre plus sur les coutumes de nos voisins alémaniques aussi !

      Répondre
      • « À retenir, les cépages Faugères ou Pic Saint-Loup », lis-je.

        Un détail qui m’a échappé à la première lecture de ce beau billet, et que je souhaite préciser: le Faugères et le Pic Saint-Loup ne sont pas des cépages (donc des sortes de raisins), mais des appellations d’origine contrôlée de vins.

        Santé!

        Répondre
        • Oh! Merci pour le détail, je vais corriger. Je ne suis pas très calée en vins comme vous le voyez ;)

          Répondre
  • Tres simpa comme article! plein de fraicheur!
    En tant que sudiste pour moi le vrai apéro commence en fin d après midi quand le soleil décline gentiment pour laisser place à la soirée :) on enterre un peu sa journée ( travail, « stress », trucs à faire) et on en commence un peu une autre.. Plus sympathique, plus relax :)

    Mais en effet tu entendras souvent  » passe a l appart on est a l apéro  » et ce même a minuit avant de sortir en soirée ^^

    NB : l œil de perdrix n est pas un cépage, le faugere et pic st loup non plus ;)

    Répondre
    • Chris, tu nous fais rêver avec ta description de l’apéro… :) L’art de vivre, cela se cultive dans le Sud!
      Tiens, je vais devoir potasser mes piètres connaissances en vin alors! Merci de l’info sur les cépages qui n’en sont pas, et désolée si j’ai heurté des sensibilités… ;)

      Répondre
  • … et bien moi pour l’apéro je fais des coccinelles.. ou des pingouins ! :P
    Je me suis lancé dans la cuisine amusante dernièrement !

    .. et sinon Pastis ou Ricard… c’est le groupe Pernod Ricard tout ça…. et qui en est à l’origine.. Henri-Louis Pernod .. né au Locle… et distillateur d’absinthe au Val de Travers dans les débuts de ce breuvage avec son beau père Dubied…

    Bref… on revient toujours au pays de Neuchâtel ! :P

    Répondre
    • Tout est lié à notre glorieux pays de Neuchâtel :)

      Répondre
  • J’adore cet article et franchement ça fait du bien d’en trouver des comme ça ! Je suis un passionné de l’apéro et tout ce qui touche de près ou de loin à cet tradition, habitude ou façon de vivre !! Ce que j.adore encore plus c’est de découvrir de nouvelles recettes, de nouvelle façon de le prendre , j’en ai même finis par créer un blog : http://foodaperomonde.com ! Alors vive lapéro et longue vie à ton blog !

    Répondre
    • Merci Quentin! Quelle passion pour l’apéro… :) je vais aller jeter un coup d’oeil à ton blog qui y est dédié. Et « santé »!

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *