Langues & Francophonie

Mots suisses, québécois et français: mon tableau #3!

On s’amuse avec les mots du français qui changent d’un coin à l’autre de la francophonie! Un objet peut s’appeler différemment  au Québec ou en Suisse, et un mot du français de l’Hexagone mener à des quiproquos dans la Belle-Province ou chez ses voisins francophones…

La preuve avec un nouveau tableau de mots !

Pour s’amuser des différences de mots qui font la richesse de la langue française, je vous ai préparé un nouveau tableau de correspondances, avec à chaque fois trois mots pouvant désigner la même chose en français standard, français de Suisse romande, ou québécois.

Dans la plupart des cas, je précise que chez moi en Suisse-romande, on comprend très bien aussi la version franco-française, étant enclins à regarder la télé du pays voisin! Parfois même, on l’utilise aussi.

Ce petit tableau a pour but premier de s’amuser, comme vous le savez si vous suivez les billets autour des mots du blog, et je vous détaille quelques subtilités en-dessous…

S’il vous plaît et que vous avez envie de le partager, n’hésitez pas: voici le lien sur Facebook!

Langue française: un tableau d'expressions suisses, québécoises et françaises - Sur Yapaslefeuaulac.ch

Le foehn pour se sécher les cheveux

Vous le savez peut-être, je suis une Suissesse en France, originaire du canton de Neuchâtel… Je me suis donc toujours séché les cheveux avec un foehn – avant de déménager dans l’Hexagone et de me rendre compte que ce mot était incompréhensible pour mes nouveaux compatriotes!

Il vient de l’allemand, du nom d’un vent chaud et sec, qui souffle dans les Alpes, et peut s’écrire föhn aussi.

Il faut donc dire « un sèche-cheveux » si l’on souhaite être compris de nos amis français. Quoique… selon wikipédia, certains Alsaciens disent foehn. Quelqu’un pour le confirmer dans les commentaires?

Et au Québec? J’ai eu la surprise d’apprendre qu’on disait un séchoir, qui pour moi serait plutôt le lieu où on fait sécher la lessive!

 

Tu me donnes ton numéro de natel?

« Tu me donnes ton numéro de natel? » ou « Donne-moi voir ton numéro de natel ». Une expression très courante en Suisse, qui désigne le téléphone portable! C’est un mot qui avait été inventé par la compagnie de téléphonie Swisscom, à l’arrivée de ces gadgets.

En France, on dit « un portable », tout court. « Tu as vu mon portable? » À mes oreilles au début, j’avais l’impression  qu’il manquait quelque chose… tu cherches ton téléphone ou ton ordi « portable » ?

Au Québec on peut l’appeler un cell, ou cellulaire! Chacun son expression quoi.

Mets ton signofile ou ton flasher!

En Suisse, on a un synonyme pour le clignotant de la voiture: le signofile! Cela laisse souvent les Français pantois.

Inspirés par les anglos, les Québécois peuvent eux l’appeler « flasher » (prononcé flash’eur). D’ailleurs tout leur vocabulaire autour des chars, du bras de vitesse (levier de vitesse) au brake, en passant par le muffler, valent le détour!

Courber les cours comme un petit Suisse

Chez nous en Suisse, on dit qu’un gamin courbe les cours. Courber, c’est faire l’école buissonnière…

En France, on dira sécher les cours…

Et au Québec? Les jeunes foxent les cours! Quoique selon L’Oreille Tendue, c’est une expression un peu démodée. Le verbe foxer a aussi d’autres synonymes, à voir ici.

Vive les soldes et les trucs « en action » (une expression très suisse)

Une expression dont  je n’arrive pas à me défaire même si je vis en France, c’est de dire que quelque chose est « en action » dans un magasin. Cela veut dire, en solde en français de l’Hexagone! Évidemment, on utilise aussi l’expression en solde, ou soldé en Suisse.

Au Québec, on peut dire qu’un produit est « en spécial » cette semaine. Des offres à rechercher dans les circulaires (pubs des supermarchés), distribuées dans les boîtes aux lettres!

Mon chariot du supermarché est devenu un caddie en passant la frontière

Je vous ai dit que souvent, les mots de la colonne « français de France » ont aussi cours en Suisse romande. Mais selon mon expérience, caddie ne se dit pas vraiment, en tout cas du côté de mon canton neuchâtelois. On parle vraiment de chariot quand on va faire ses commissions au supermarché. (Et faut pas oublier ses cornets, ni sa carte cumulus)

Et au Québec aussi, on dit un chariot! (exemple ici sur Radio Canada)

En France, on appelle ce grand machin en métal un caddie! En Suisse, le caddie serait plutôt ce sac sur roulettes cher aux grands-mères qui font leur marché, que les Québécois appellent eux une poussette… heu, vous suivez?

La poussette pour bébé peut s’appeler carrosse au Québec

Si les expressions « poussettes » sont utilisées en Suisse et au Québec aussi (si j’en crois les nombreuses annonces sur Kijiji), on peut aussi appeler cela… un pousse-pousse en Suisse! Je me souviens avoir beaucoup utilisé cette expression lorsque j’avais 7 ans et que je trimballais mon bébé (en plastique) à travers les rues du village dans un « pousse-pousse » pliable.

Les Français pensent alors au pousse-pousse asiatique, mais pas nous.

La plus belle expression pour désigner une poussette, on la doit aux Québécois, qui peuvent l’appeler « carrosse« ! Et celui-là, on l’a entendu dans les rues de Montréal. Génial non?

 

En bonus

Le souper canadien, ça ne marche qu’en Suisse!

Cette expression me tient à cœur! En Suisse, j’utilisais « pique-nique canadien » ou « souper canadien » pour ces rendez-vous ou chacun amène de quoi manger et boire et le partage avec les autres convives. Pourquoi canadien? Bonne question!

J’avais tenté d’utiliser cette expression au Sud de la France, eh bien mon interlocuteur avait compris que j’allais, moi, Suissesse, préparer des spécialités canadiennes pour tout le monde!

En France, on m’a dit qu’on utilisait rarement cette expression, mais qu’on pourrait parler d' »auberge espagnole », car c’est l’un des sens de cette expression. Ce n’est toutefois pas très courant.

Et au Québec? Selon un de mes guides, l’expression qui correspond serait « potluck ».

Mais l’origine du « souper canadien » en Suisse reste obscure pour moi, car j’ai pu expérimenter une soirée québécoise, ou chacun apportait à boire en effet… mais ne le partageait pas forcément avec les autres. L’hôtesse qui nous accueillait demandait la permission de goûter aux bières apportées par les convives. J’ai trouvé ces usages fort curieux!

À lire aussi

Voilà, c’est tout pour ce tableau de mots, mais si ça vous a plu, je vous signale qu’il y en a deux autres qui vous attendent au chaud par ici…

Tableau de mots francophones #1

Tableau de correspondances #2

Sources & curriculoum
  • J’ai grandi et étudié en Suisse, je suis donc une habituée des mots suisses – mes mots ! – dont je ne me défais pas dans l’Hexagone. Mais avec option neuchâtelois, car il faut savoir que certaines expressions changent d’un canton à l’autre. La Suisse est un vrai puzzle.
  • Je vis en France depuis 7 ans, et je n’évite pas encore tous les quiproquos! J’ai quand même pu me frotter au français de l’Hexagone et faire lever les sourcils à plein de gens avec le chnis, les cornets et mes chiquelettes.
  • Je n’ai passé que 7 mois au Québec, de loin pas assez pour maîtriser le français d’outre-Atlantique, juste assez pour m’apercevoir de sa richesse. Je me repose donc sur ce livre, « Le Québécois pour mieux voyager« , où j’ai vérifié les différentes expressions. Un petit bouquin à recommander!

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N’hésitez pas à partager vos expériences (et quiproquos) avec ces mots du tableau, ou les autres expressions que vous utilisez dans votre région pour nommer ces choses! ;)

11 réflexions sur “Mots suisses, québécois et français: mon tableau #3!

  • Tous les p’tits Suisses ne courbent pas les cours. Dans les Montagnes neuchâteloises, le Jura et le Jura bernois, on utilise plutôt le verbe schwentzer.

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    • Oh!! Eh bien au bord du lac de Neuchâtel, nous on disait courber – mais visiblement c’est aussi une question de génération.
      Merci pour le « schwentzer », que j’ai déjà entendu en effet! :D
      On est riches en mot décidément!

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  • Hello,
    Toujours aussi sympa ton blog.
    Je travaille dans la vente et en action et en solde sont deux choses bien différentes, même en Suisse.
    Les actions sont une réduction de prix ponctuelle et limitées dans le temps et peut s’appliquer à des produits qui viennent d’arriver dans le magasin contrairement aux soldes qui servent à déstocker les invendus normalement de saison et ces produits doivent avoir impérativement avoir déjà été mis en vente au préalable quelques semaines avant les soldes.
    À noter qu’il y a aussi des produits en action en France, mais il me semble qu’ils utilisent plutôt le terme en promotion.

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    • Hello!
      Merci pour ton mot. Sans doute que techniquement, ce n’est pas la même chose, mais dans le langage courant, je t’assure que nous les clientes on ne fait pas la différence :P Et on utilise les deux mots de manière interchangeable…
      Mais c’est intéressant de connaître la nuance!

      Répondre
  • Je viens de lire les 3 « français en 3 mots » et plein de souvenirs remontent à la surface… Genevoise d’origine, je vis depuis 45 ans dans les Vosges. Et petit à petit, le patois s’efface, mais on le reconnait quand on l’entend! Du coup j’ai refait un petit tour d’horizon : j’ai panossé la gouille de papète (boue) sur les catelles. (le carrelage). On m’a toujours dit que j’avais une grande mordache. (une grande g…). Et petite, je bringais, je meulais (réclamer en cassant les pieds), je barjaquais (bavarder), ou je siclais (pousser des cris perçants). Et je dis encore souvent « Y a qu’à le j’ter en l’air » à quoi mon mari répond invariablement, « Oui, mais ça va retomber !!! » Alors qu’il suffit de se débarrasser du truc. Et combien d’autres : le bourillon (le nombril), une tappée (beaucoup), quelle couenne ou quelle bedoume (nigaude, un peu comme bobet), et les fameux scorsonères de ma tante que je ne retrouvais pas ici, évidemment, se sont des salsifis. Décidément, les francillons ne comprennent rien ;-)

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    • Merci beaucoup pour ce message qui m’a beaucoup fait rire!
      Que de jolis mots!!!
      Tiens, tiens, je connaissais « foutre en l’air », mais pas « jeter en l’air » pour se débarrasser de…
      Et vous êtes dans les Vosges à présent! Une belle région où j’ai eu la chance de passer en week-end (vous l’avez peut-être vu sur le blog ) :)
      Mais on m’a dit qu’il y avait plein de mots en commun entre Suisse et Vosges, du coup cela ne doit pas être *si* dépaysant :D
      Une belle semaine à vous!

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  • Marrant, Alsacien de Colmar, j’ai toujours appelé un Caddie de supermarché un Chariot. Et pourtant la marque Caddie fabrique ses produits près de Strasbourg !

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    • C’est drôle!! Mais je remarque qu’on a beaucoup de points communs entre Suisses romands et Alsaciens au niveau de la langue…
      J’ai une collègue alsacienne qui dit aussi « foehn » (Feune) pour sèche-cheveux par exemple!
      Je ne savais pas que caddie était une marque en fait!! Merci pour l’info ;)

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  • il est également possible de parler de chariot pour caddie en France (y compris a PARIS) même si l’expression tend a disparaître.

    Pour moi un séchoir est un lieu ou on fait sécher son linge

    Un repas ou tout le monde apporte a manger n’a pas de nom en parisien.
    Cependant en anthropologie la notion de potlatch désigne une tradition des indiens d’Amérique qui organisaient des repas ou chacun venait avec des « cadeaux » et les échangeais avec les convives contre des cadeaux de même valeur. Le terme potlatch a son entrée sur Wikipédia. Il en est venu a désigner des repas ou les convives amènent de la nourriture. Reste a savoir qui, a part les ethnologues professionnels, utilise ce mot.

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    • Ah bon pour le chariot!
      Pour moi aussi le séchoir peut aussi être le lieu où on sèche les vêtements, c’est vrai.

      C’est vraiment intéressant ce mot, potlatch, parce que… en anglais on dit Potluck… C’est quand même drôlement similaire!
      A creuser… :)

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  • Salut, je suis Québécoise et y ai passé toute ma vie. Honnêtement, je n’ai jamais entendu le mot flasher, à part pour dire que je me suis fait flasher (par le radar). Peut-être que ça se dit à la campagne, mais je parle de clignotant aussi.
    Le mot foxer est vieux en effet, mais je l’utilisais à l’époque pour dire que j’avais séché un cours à l’école secondaire. Nos écoles secondaires peuvent aussi s’appeler une polyvalente. Je crois que c’est le gymnase en Suisse.
    P.s: j’ai également habité 7 mois en Suisse, dans le canton de Fribourg et c’est avec le coeur gros que je suis repartie. Je retournerais vivre en Suisse francophone n’importe quand :)

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