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Mon méli-mélo de mots francophones

Chronique sur le joyeux mélange de mots francophones qui s’échappent de ma bouche au quotidien. Mince alors, astheure cela arrive que je prononce des mots et tournures du français de Suisse, du Sud de la France et du Québec dans une même phrase…

À force de me frotter aux accents d’ici et d’ailleurs, et au vocabulaire propre du français d’outre-atlantique, de l’Hexagone ou de la Romandie, il m’arrive de prononcer des phrases barbares. Cela donne ce genre d’énoncé, mêlant des mots piochés à droite et à gauche par une francophone à la limite de la schizophrénie linguistique:

« Tu veux-tu qu’on aille à pied ou bien? Sinon on va être quichés dans le tram! »

Le tout prononcé avec un accent français, teinté d’une pointe chantante du sud, à laquelle se juxtapose parfois un relent d’intonation suisse.

En tout cas, je sais que ce n’est pas grave, car j’ai des amis qui le font aussi.

Ma phrase barbare disséquée dans le détail:

Tu veux-tu est une tournure courante à l’oral dans le français du Québec, qu’on a absolument adoptée après nos six mois montréalais. Et qui a été ravivée par notre séjour de cet été évidemment. Les ou bien? interrogatifs à la fin des phrases sont emblématiques du français de Suisse romande (mon cœur, ma patrie) et… quicher est un mot du Sud, pioché pendant mes années à Montpellier.

Quand je parle « français international »

Je remarque ainsi régulièrement que je mêle des termes typiques du français du Sud, de Suisse ou du Québec dans une même phrase, sans y prendre garde. Des mots qui n’auraient pas dû se rencontrer ainsi, mais que le mélange d’expériences forgé par mon petit parcours francophone force à cohabiter.

Notez que fort heureusement, c’est à l’oral que je parle français international – je n’écris pas comme cela spontanément (alléluia, car étant journaliste & rédactrice web, je ne suis pas sûre que cela serait apprécié!)

C’est bien ma veine d’enrichir mes phrases par des mots qui seront incompris des gens qui m’entourent! Il faudra que je pense à sortir un dictionnaire francophone pour qu’on puisse me comprendre, ou à m’auto-proclamer ambassadrice de la diversité du français, avec un joli badge par exemple.

Bientôt s’y ajouteront en plus des éléments lorrains, puisque je suis très influençable au niveau des vocables. Je clencherai peut-être des portes, ou dédaignerai des amis naireux, car ils ne veulent pas prendre un schluck dans ma bière, qui sait? Côté prononciation, j’espère que je ne commencerai tout de même pas à dire « Y’en a pu! » pour « Y’en a plus », et « Mais si, il en reste quat' » pour « quatre » –  mais je ne peux jurer de rien.

Mélange de genres autour du français

Ma langue du quotidien est enrichie par ces mots, incrustés dans mon oreille grâce à mes séances d’expatriation et à cause de mon mimétisme inconscient. Je suis d’ailleurs sûre que si j’allais déposer mes valises dans le canton de Vaud en Suisse, j’en repartirais avec le bel accent du cru (dont je raffole) en quelques mois.

Si je mélange sans me soucier ces trois influences dans mon langage de tous les jours, c’est surtout, à mon avis, parce que je peux les partager avec mon concubin, qui a les mêmes antécédents linguistiques que moi (même s’il a un cursus plus marqué en mots & expressions françaises, option « du sud » bien évidemment).

Le problème, c’est que je bavarde beaucoup avec lui, librement, sans me soucier d’où viennent mes mots. Alors quand je rencontre des gens de l’extérieur, je n’arrive pas toujours à réfréner ces expressions d’ailleurs, qui ont pris l’habitude de s’échapper de ma bouche.

Parfois les gens tiquent, parfois pas. Et là je me demande s’ils m’écoutent vraiment ou s’ils font semblant.

Parfois peut-être même qu’ils pensent que je le fais exprès, ou que ce sont tous des mots suisses, toutes ces étrangetés qui s’incrustent dans mes phrases.

Exemples de phrases barbares mêlant mots suisses, québécois ou français

D’hypothétiques phrases que je pourrais prononcer un de ces quatre.

Je vous laisse décoder.

  1. « C’est correc si je te fais un chèque de cent septante euros ? »
  2. « Ça fait sens qu’elle ait décidé de faire un bachelor en droit, mais j’espère qu’elle va se planter cette piche paske j’l’aime pô. Désolée mais chuis pu capab’ d’la supporter! » *
  3. « Pour le 5 à 7, je vais boire juste un demi de bière. » « Juste un demi… suisse ou français? (5 décis vs 2,5 décis!) » « Ah mais finalement je vais prendre une mauresque, je suis quitte de me planter! »
  4. « Passe voir un coup de sopalin, y’a trop de chnis sur la table! Mais non, je pinaille pas! »
  5. « Elle est monstre bien cette nouvelle série tu trouves-tu pas? »

*J’ai un peu forcé le trait pour la #2 – le « chuis pu capab » québécois- mais tout le reste je le dirais très spontanément.

Alors, vous me comprenez ou bien?

Voilà pour cette note, où je voulais partager avec vous ces mélanges d’influences francophones. J’imagine que parmi vous, les Suisses installés au Québec, en Belgique, en France ou dans les DOMTOM – et vice versa – doivent vivre la même chose!

Racontez-moi si c’est aussi votre cas, et donnez-moi des exemples de vos phrases qui mélangent les mots d’ici et d’ailleurs… Qu’on rigole un peu!

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9 réflexions sur “Mon méli-mélo de mots francophones

  • Je suis belge et je vis avec mon barbare du sud de la France… alors j’adore les particularités régionales dans la langue ! Ce qui est comique c’est quand il sort des tirades d’ici (bon, il y vit depuis plus de 10 ans aussi ^^)
    Bisous

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    • Ah ben oui, il a dû en adopter des expressions belges alors… Et il les mélange pas avec quelques mots du sud non? (Je me sentirais moins seule :P)
      -> Haha, et sinon on va faire un club, « j’ai un Français du sud à la maison »

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  • Coucou ma belle,

    C’est « drôle » mais j’ai rarement mélangé des mots « francophones » (façon de parler) entre eux. Je le ferais davantage avec des mots anglais par exemple. Mais bon parfois j’aimerais que le mimétisme inconscient marche davantage sur moi pour avoir un meilleur accent dans une langue étrangère. :-)
    Je t’embrasse,

    Stéphanie
    xxxx

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    • Merci de ton mot Stéph! Ou la la, avec l’anglais je le fais aussi – et je passe pour une snob après. :P Cela me fait plaisir de savoir que je ne suis pas la seule à parler un peu franglais… des bises et une bonne journée à toi!

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  • Très sympa cet article, en tant que prof de français langue étrangère je pense que je vais le faire lire à mes élèves quand on parle de la francophonie !

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  • Et pourquoi pas une note sur les jurons une fois ?
    Pour moi ça donnait « P*tain

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    • Les fameux jurons!! C’est vrai qu’ils sont très drôles pour les non-initiés ;)
      On ne se rend pas compte de leur vulgarité au Québec!

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